
La police arrête un manifestant lors d'affrontements avec des partisans de l'opposition à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le samedi 11 octobre 2025. © AP
En Côte d'Ivoire, les principaux partis d'opposition et les organisations de la société civile ont dénoncé, samedi 18 octobre, l'interdiction et la répression des manifestations dans le pays. La veille, le gouvernement ivoirien annonçait l'interdiction pour deux mois des meetings et des manifestations, à l'exception de ceux des candidats en lice pour le scrutin prévu dans une semaine.
Samedi dernier, une marche de l'opposition interdite par les autorités avait été dispersée à coups de gaz lacrymogènes à Abidjan. Cette semaine, des blocages de routes ont eu lieu épisodiquement dans certaines localités du pays, notamment pour protester contre la candidature à un 4e mandat du président sortant Alassane Ouattara.
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Selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné, environ 700 personnes ont été arrêtées depuis samedi dernier. Selon la police, une personne est morte dans une des manifestations à Bonoua (sud). L'opposition évoque au moins deux personnes décédées.
Élection présidentielle le 25 octobre
Le climat politique est tendu dans le pays à l'approche de l'élection du 25 octobre. Les deux principaux partis d'opposition, dont les candidatures des leaders Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ont été rejetées par le Conseil constitutionnel, avaient appelé ces derniers jours à plusieurs manifestations.
Début octobre, les autorités ivoiriennes avaient déjà interdit les manifestations remettant en cause la décision du Conseil constitutionnel, s'appuyant sur un article de la Constitution.
Vendredi soir, les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont pris un arrêté pour élargir cette interdiction à toute manifestation ou meeting "des partis ou groupements politiques", à l'exception de ceux qui sont qualifiés pour le scrutin de samedi prochain.
Les contrevenants "sont passibles de poursuites judiciaires", précisent les autorités.
Dans un communiqué, le ministre de la Justice, Sansan Kambilé, a répondu que l'exercice du droit de manifester peut "faire l'objet de restrictions [...] dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté publique, de l'ordre public", notamment.
Le ministre ajoute que les manifestations qui ont eu lieu depuis samedi "revêtent un caractère subversif" et sont "marquées par une violence incompatible avec les exigences de la loi".
Oppositions et ONG condamnent
Une décision qui frappe directement le Front Commun, coalition à l'origine des appels à manifester, regroupant le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples Africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI).
"Dire non au quatrième mandat n'est pas un délit. Nous n'appelons pas la guerre, nous voulons la démocratie. Ne vous laissez pas intimider", a déclaré vendredi dans une vidéo Habiba Touré, la porte-parole du Front Commun.
Samedi, l'organisation Tournons la Page, a estimé que les interdictions de manifester "sont des violations flagrantes du droit à la liberté de réunion pacifique". L'ONG "condamne l'oppression policière contre les manifestations pacifiques" et "invite le gouvernement à renouer avec le dialogue politique".
La Ligue ivoirienne des droits de l'homme (LIDHO) a de son côté rappelé "que le droit de manifester pacifiquement et la liberté d'expression sont garantis par la Constitution ivoirienne", appelant les autorités à "éviter tout usage excessif de la force".
Amnesty International avait également appelé plus tôt dans la semaine à arrêter de "réprimer" les manifestations. Le gouvernement ivoirien a répondu que celles-ci revêtaient un "caractère subversif" et étaient marquées par "une violence incompatible avec les exigences de la loi".
La campagne pour l'élection présidentielle suit toutefois son cours et tous les candidats organisent des rassemblements à travers le pays. Le président sortant, au pouvoir depuis 2011, réunissait samedi matin des dizaines de milliers de jeunes dans un stade à Abidjan.
Face à lui, quatre candidats sont en lice : l'ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, dissident du PDCI ; deux anciens compagnons de route de Laurent Gbagbo en rupture avec lui, son ex-épouse Simone Ehivet Gbagbo et l'ex-ministre Ahoua Don Mello ; et enfin Henriette Lagou, déjà candidate en 2015.
Aucun ne s'est joint aux appels du Front Commun à manifester.
Avec AFP