
Ce montage photo montre les candidats à la présidence de la Bolivie : Rodrigo Paz, à gauche, et l'ancien président bolivien Jorge Quiroga, à droite. © AP
La Bolivie votera, dimanche 19 octobre, pour son nouveau président. Deux candidats de droite s'opposent, un ancien chef d'État de droite, Jorge Quiroga, et un sénateur de centre-droit, Rodrigo Paz. Ils promettent tous deux de remettre le pays sur pied, après 20 ans de gouvernements de gauche et une profonde crise économique.
L'effondrement des revenus issus du gaz, longtemps un pilier de l'économie bolivienne, a provoqué une pénurie chronique de dollars, à l'origine d'un manque de carburant et d'une inflation annuelle désormais supérieure à 23 %.
Lassés de la flambée des prix, des longues files d'attente devant les stations-service et du manque de dollars, les Boliviens ont tourné la page, lors du premier tour en août, du Mouvement vers le Socialisme (MAS), un parti dirigé pendant près de 20 ans par l'ancien président de gauche Evo Morales (2006-2019).
Ce dernier a tenté de se présenter malgré un mandat d'arrêt à son encontre, mais sa candidature n'a pas été enregistrée, la Cour constitutionnelle ayant limité à deux le nombre de mandats présidentiels.
"Du carburant dans tout le pays"
"On va assister à un changement radical", se félicite Juan Vidal, un agriculteur du département de Tarija, fief du sénateur Rodrigo Paz, arrivé en tête du premier tour, déjouant tous les sondages.
Selon la dernière enquête Ipsos-Ciesmori diffusée dimanche 12 octobre, l'ancien président Jorge Quiroga, 65 ans, recueille 44,9 % des intentions de vote contre 36,5% pour Rodrigo Paz, 58 ans.
Le président sortant Luis Arce, très impopulaire, a renoncé à se représenter. Il quittera le pouvoir le 8 novembre.
Si le prochain président "ne trouve pas rapidement des solutions (à la crise, ndlr), le coût social et le risque" de manifestations "seront élevés", prévient la politologue Ana Lucia Velasco.
Lors du premier tour, le vote nul soutenu par Evo Morales, premier président indigène de Bolivie, a atteint un pic historique de 19,2 %. Une partie de la population, en particulier indigène, pourrait ne pas se sentir représentée ni par le gouvernement ni par un Parlement, où quatre groupes de droite occupent presque tous les sièges.
Lors d'un unique débat télévisé dimanche soir, les deux candidats ont insisté sur la nécessité de s'attaquer à l'inflation et au manque de carburants.
"En novembre, il y aura du carburant dans tout le pays, plus de files d'attente", a promis Rodrigo Paz, évoquant une réduction des dépenses publiques.
Jorge Quiroga a aussi assuré vouloir "en finir avec les files d'attente pour le diesel et l'essence, et stopper la hausse des prix qui nous angoisse". Pour y arriver, il mise sur l'obtention de crédits auprès d'organismes internationaux.
À Santa Cruz, poumon économique du pays, des kilomètres de camions et de voitures s'étiraient lundi aux abords des stations-service.
Carlos Uriona, un chauffeur routier de 37 ans, attend depuis samedi que les cuves de la sienne soient ravitaillées. "On doit trouver où manger, se doucher, aller aux toilettes", soupire-t-il. Quant aux deux candidats, il reste sceptique : "Ils font des promesses, mais bon tant qu'on ne les voit pas".
Restaurer l'économie
"Leurs promesses électorales vont être difficiles à réaliser", confirme la politologue Ana Lucia Velasco.
Les deux candidats envisagent également de réduire les subventions aux carburants, l'une des principales dépenses du gouvernement actuel, ainsi que les budgets des institutions publiques.
"Nous allons rétablir la confiance en apportant des dollars" dans l'économie, a aussi assuré dimanche Jorge Quiroga lors du débat entre candidats. Quelques jours plus tôt, à Tarija, il avait assuré vouloir "tout changer".
"Nous avons le droit de nous renouveler, de changer, de laisser derrière nous le passé", a plaidé avec davantage de modération Rodrigo Paz lors du débat.
Tous deux affirment vouloir maintenir les programmes sociaux tout en stabilisant l'économie, après avoir dans un premier temps présenté des programmes plus radicaux.
Restaurer l'économie "prendra du temps", estime Alberto Nina, un étudiant de 25 ans de La Paz, la capitale administrative du pays de 11 millions d'habitants.
La Banque Mondiale prévoit une récession en Bolivie dès cette année, qui pourrait se prolonger jusqu'en 2027.
Avec AFP