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Fifa : Domenico Scala démissionne pour protester contre une "destruction des réformes"

Le président de la commission d'audit et de conformité de la Fifa, Domenico Scala, a démissionné samedi pour protester contre l'adoption d'une mesure qui selon lui remet en cause l'indépendance de certains organes d'enquête de l'institution.

La nouvelle direction de la Fifa souhaite-t-elle empêcher les enquêtes indépendantes en interne ? C’est ce que semble penser le désormais ex-président de la commission d'audit et de conformité de la Fifa, Domenico Scala, qui a démissionné samedi 14 mai pour protester contre l'adoption d'une mesure remettant selon lui en cause l'indépendance de certains organes de l'institution chargés d'enquêter sur ses membres.

Domenico Scala a démissionné au lendemain du 66e congrès de la Fifa à Mexico, où le nouveau président Gianni Infantino a fait adopter un amendement transfèrant au gouvernement de la Fifa le pouvoir de nommer ou de démettre les présidents de la commission d'éthique ou d'audit, "ce qui prive ces organes de leur indépendance" et "détruit l'un des acquis essentiels de la réforme", a-t-il dénoncé dans un communiqué.

Le congrès, qui rassemble l'ensemble des fédérations mondiales, a "donné vendredi au conseil le pouvoir exclusif de nommer ou de démettre de leurs fonctions les membres des organes de supervision indépendants, tels que la commission d'éthique, la commission des recours ou la commission d'audit et de conformité", peut-on lire dans ce texte.

"Des organes privés de leur indépendance"

Avec cette décision, il sera possible pour le conseil présidé par Gianni Infantino "d'entraver des enquêtes contre des membres à tout moment, en démettant de leurs fonctions les membres des commissions ou en s'assurant de leur approbation à travers la menace de les renvoyer", dénonce M. Scala.

"Ces organes sont de fait privés de leur indépendance et menacés de devenir des auxiliaires de ceux qu'ils sont censés superviser", a-t-il encore estimé.

M. Scala s’est dit "consterné par cette mesure", et a annoncé sa démission.

La commission d'éthique de la Fifa, composée de magistrats professionnels, a joué un rôle essentiel dans la crise qui secoue actuellement l’instance en suspendant pour six ans l'ancien président, Sepp Blatter, ainsi que le candidat à sa succession, Michel Platini. La suspension de Platini a ensuite été réduite à quatre ans par le TAS.

La commission d'éthique a enquêté, puis suspendu de nombreux membres depuis un an, dont plusieurs ont été suspendus à vie, comme l'Américain Chuck Blazer, ancien membre du comité exécutif de la Fifa et l'un de ceux par qui le scandale actuel a éclaté.

La commission d'audit et de conformité est chargée notamment du contrôle d'intégrité des candidats aux élections.

La Fifa, secouée depuis presque un an par le pire scandale de corruption de son histoire, a adopté en février toute une série de mesures, afin, officiellement, de renforcer sa gouvernance et sa transparence.

L'amendement adopté vendredi par le congrès de la Fifa n'était pas prévu dans ces réformes et transfère un pouvoir important de l'assemblée de la Fifa au conseil, son gouvernement, dirigé par Infantino.

Avec AFP