
Plusieurs dizaines de réformateurs iraniens, dont le frère de l'ex-président Mohammad Khatami, ont été interpellés samedi après-midi à Téhéran, où l'annonce de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad a provoqué de violentes émeutes.
Au moins 60 "organisateurs" des émeutes survenues samedi à Téhéran, après l'annonce de la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, ont été arrêtés, a déclaré le chef-adjoint de la police, Ahmed Reza Radan.
Par ailleurs, au moins dix responsables réformateurs iraniens, partisans de Mir Hossein Moussavi, ont également été arrêtés samedi après-midi, a déclaré dimanche à l'AFP un responsable du Front de la participation, Rajab-Ali Mazrouie.
Parmi ces personnes figurent Mohsen Mirdamadi, chef du Front et proche de l'ancien président Mohammad Khatami, Mostapha Tadjadeh (ancien vice-ministre de l'Intérieur), Mohsen Aminzadeh (ancien vice-ministre des Affaires étrangères), Abdollah Ramezanzadeh (porte-parole du gouvernement de M. Khatami), Saïd Shariati, Zohreh Aghajari et Behzad Nabavi, selon ce responsable.
"Mohammad Reza Khatami (frère de l'ancien président, ndlr) a été probablement arrêté également. Je n'arrive pas à le contacter et ce matin il n'est pas venu à un rendez-vous que nous avions ensemble", a ajouté M. Mazrouie.
Samedi, l'agence officielle Irna a accusé MM. Tadjadeh et Aminzadeh de diriger "les troubles dans la capitale d'une maison du nord de Téhéran".
L'annonce officielle de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad a provoqué samedi des émeutes en plein coeur de Téhéran de la part des partisans de son principal rival, Mir Hossein Moussavi, et des accusations de tricherie.
Les affrontements se sont poursuivis tard dans la nuit avant que le calme ne revienne vers deux heures du matin, après le déploiement des forces de l'ordre, des agents en civils et des bassistes (milice islamique).
Le réseau de téléphonie portable, coupé samedi soir, a été rétabli dimanche matin.
La capitale n'avait pas connu de telles violences depuis les émeutes estudiantines de juillet 1999.
Tous les responsables arrêtés sont membres du Front de la participation et de l'Organisation des Moudjahidine de la révolution islamique (Omri), deux principaux groupes réformateurs qui soutenaient M. Moussavi à l'élection présidentielle de vendredi.
Selon le ministre de l'Intérieur Sadegh Mahsouli, M. Ahmadinejad, 52 ans, a recueilli 24.527.516 voix (62,63%), devant l'ex-Premier ministre Moussavi, un conservateur modéré revenu sur le devant de la scène politique après 20 ans d'absence, arrivé deuxième avec 13.216.411 voix (33,75%).
Mais M. Moussavi a dénoncé "vigoureusement les irrégularités visibles et nombreuses", affirmant que cela ne pouvait que "fragiliser le régime islamique et instaurer le mensonge et la tyrannie".
De son côté, l'Association du clergé combattant, dont l'ancien président Khatami est l'un des fondateurs, a appelé à l'annulation de l'élection et à l'organisation d'un nouveau scrutin, se disant préoccupée par "un truquage massif des voix".
M. Ahmadinejad a qualifié sa réélection au premier tour pour un mandat de quatre ans de "grande victoire".
Il a appelé ses partisans à se réunir à 17H00 locales (12H30 GMT) place Vali Asr, dans le centre de Téhéran, non loin de l'endroit même où les manifestants pro-Moussavi ont affronté durement la police samedi.