
Le pape François s'est rendu à Lesbos samedi en compagnie du patriarche grec orthodoxe Bartholomée en soutien aux migrants qui s'amassent depuis des mois sur l'île grecque. Il a quitté la Grèce avec douze réfugiés syriens, accueillis au Vatican.
Le pape François s'est rendu une nouvelle fois au chevet des migrants. Le souverain pontife est arrivé samedi 16 avril au matin sur l'île grecque de Lesbos, porte d'entrée des migrants en Europe. Accompagné du patriarche Bartholomée, chef de l'Église orthodoxe de Constantinople, il a réitéré son appel à l'accueil et à la solidarité, qui peine toujours à passer même auprès des catholiques.
Le souverain pontife, qui avait formulé le vœu de ramener avec lui des migrants au Vatican, a quitté Lesbos dans l'après-midi avec douze réfugiés syriens.
Le pape François au camp de Moria
À Lesbos, le pape a été accuelli par le Premier ministre grec Alexis Tsipras et ses deux principaux hôtes de la journée, le patriarche Bartholomée, et Hyéronyme, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce.
Les trois hommes se sont rendus au "hotspot" de Moria, un camp au milieu de collines plantées d'oliviers dans lequel sont enfermés quelque 3 000 migrants dans des conditions indécentes, selon les organisations humanitaires qui y interviennent encore. "Vous n'êtes pas seuls", leur a lancé le souverain pontife, qui a appelé le monde à réagir à cette crise d'une "manière digne de notre humanité commune".
Arrivés à Lesbos après l'entrée en vigueur le 20 mars de l'accord entre l'Union européenne (UE) et la Turquie, ils sont voués à être renvoyés, sauf hypothétique acceptation de leur demande d'asile en Grèce.
Selon Alexia Kefalas, envoyée spéciale de France 24 à Lesbos, "la visite du pape est excessivement importante", tant sur le plan symbolique que sur le plan politique. "Le véritable enjeu sera de voir si elle aura une influence sur l'application de l'accord UE-Turquie", estime-t-elle.
Dans le camp, les trois responsables religieux ont rencontré les dizaines de mineurs, pour la plupart non accompagnés, actuellement retenus, puis se rendront sous une tente pour saluer environ 250 migrants représentatifs des différentes situations.
Vers 13 h 30, les trois prélats se sont rendus sur le port de Mytilène, pour une rencontre avec les habitants de Lesbos ainsi que la toute petite communauté catholique locale.
Ce bref rendez-vous s'est achevé avec une prière pour les victimes des migrations, en mémoire desquelles les trois dignitaires ont jeté chacun une couronne de fleurs en mer. "Nous sommes tous des migrants", a affirmé le souverain pontife, lors de ctte prière. Depuis le début de l'année, 375 migrants, en majorité des enfants, se sont noyés en tentant la traversée égéenne, s'ajoutant à des centaines de victimes en 2015.
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La question des migrants, cheval de bataille du pape François
L'année dernière, plus d'un demi-million de migrants sont passés par Lesbos, et cette année, l'île a déjà vu débarquer près de 90 000 personnes, dont plus d'un tiers d'enfants, selon l'ONU.
Le pontife argentin est particlulièrement sensible à la question des migrants. Quelques mois après son élection, le pape François s'était rendu sur l'île italienne de Lampedusa, alors principale porte d'entrée des migrants, pour fustiger "la mondialisation de l'indifférence" devant les drames migratoires.
À l'automne, alors que l'Europe commençait à se verouiller face à l'afflux de réfugiés dont beaucoup viennent de pays en guerre (Syrie, Irak, Afghanistan...), François avait solennellement appelé chaque paroisse du continent à accueillir une famille de migrants, refusant ostensiblement, contrairement au droit international, de faire la différence entre ceux qui fuient la violence et la misère.
Depuis le début de son pontificat, il n'est pas avare de déclarations fortes sur la question des migrants, dont ce petit-fils d'immigrés italiens a fait l'un de ses chevaux de bataille.
Avec AFP