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Harper promet de se battre face à une coalition d'opposition

Le Canada traverse une crise politique grave. Le Premier ministre se déclare prêt à "utiliser tous les moyens légaux" pour empêcher l'arrivée au pouvoir d'une coalition soutenue par les indépendantistes québécois.

AFP - Le Premier ministre Stephen Harper s'est dit prêt mercredi à "utiliser tous les moyens légaux" pour empêcher l'arrivée au pouvoir d'une coalition soutenue par les indépendantistes québécois au moment où le Canada traverse une de ses plus graves crises politiques.

"Je vous promets que notre gouvernement va utiliser tous les moyens légaux possibles pour protéger notre démocratie, notre économie et le Canada¨, a lancé M. Harper dans une allocution solennelle à la nation.

Sa déclaration a été interprétée par la plupart des commentateurs comme une confirmation de son intention de demander la suspension temporaire des travaux du parlement, ce qui éviterait à son gouvernement conservateur de tomber sur une motion de censure prévue lundi prochain et lui permettrait de gagner du temps.

M. Harper lutte pour sa survie politique, sept semaines après sa réélection à la tête d'un gouvernement minoritaire. Les trois partis d'opposition, qui l'accusent de n'avoir pas pris les mesures de relance nécessaires pour faire face à la crise économique mondiale, ont conclu un accord pour le renverser et le remplacer par un gouvernement de coalition.

Cette coalition réunit le parti libéral (centre) et le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), et doit être soutenue par le Bloc québécois, formation qui a pour objectif l'indépendance de la province francophone du Québec.

"L'opposition propose une nouvelle coalition qui inclut le parti au parlement dont le but avoué est de briser le pays", a déclaré M. Harper, affirmant qu'elle n'a pas "le droit démocratique d'imposer une coalition avec les souverainistes (ndlr: indépendantistes)".

"L'opposition tente d'imposer cette entente sans votre avis, sans votre consentement et sans votre vote", a poursuivi M. Harper prenant à témoin les Canadiens et soulignant que la priorité actuellement était de se concentrer sur l'économie.

M. Harper, dont le ton était nettement plus posé et aimable que lors des récents échanges acrimonieux à la Chambre des Communes, a aussi essayé de calmer le jeu en invitant l'opposition à lui présenter des propositions "spécifiques" pour le budget qu'il compte présenter fin janvier.

Celle-ci ne s'est toutefois guère montrée impressionnée, réaffirmant que M. Harper a définitivement perdu la confiance de la majorité de la Chambre des Communes.

"Je demande à M. Harper de laisser la Chambre voter, qu'on en finisse avec son gouvernement et qu'enfin nous puissions travailler à combattre de toutes nos forces la crise économique qui s'abat sur nous", a répliqué Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois.

"La solution de M. Harper est de prolonger la crise actuelle", a pour sa part lancé Stéphane Dion, chef du parti libéral et Premier ministre prospectif si la coalition arrive au pouvoir. Dans notre système démocratique un gouvernement qui n'a plus la confiance de la Chambre "a perdu le droit de gouverner", a-t-il dit.

M. Harper devait rencontrer jeudi matin la gouverneure générale Michaëlle Jean, chef de l'Etat canadien en titre, qui a écourté une visite dans plusieurs pays d'Europe de l'Est en raison de la situation politique dans son pays.

Mme Jean a un rôle crucial à jouer dans la crise actuelle, car dans le système constitutionnel canadien, c'est à elle qu'il appartiendra d'accepter ou de refuser une suspension des travaux du parlement, si M. Harper lui en fait la demande.

Si M. Harper ne choisissait pas l'option de la suspension et était battu par l'opposition sur une motion de censure lundi prochain, Mme Jean aurait alors à décider si elle donne son accord à la convocation de nouvelles élections, quelques semaines après celles du 14 octobre dernier, ou si elle accorde sa chance à la coalition.