
Un Italien a demandé à Apple de l’aider à contourner la sécurité de l’iPhone de son fils décédé afin d'avoir accès à ses photos. La marque à la pomme doit-elle accepter ce qu'elle a refusé au FBI dans une affaire de terrorisme ?
Refuser au FBI le droit d’accéder aux données sécurisés sur l’iPhone d’un terroriste mort est une chose. Ne pas aider un père en deuil qui veut pouvoir voir les dernières photos prises par son défunt fils en est une autre. C’est du moins l’avis de Leonardo Fabbretti, un architecte italien, qui vient de demander à Apple de l'aider à débloquer l'iPhone de son fils décédé.
Il avait offert un iPhone à son fils adoptif, atteint d'un cancer des os, quelques mois avant sa mort. Sa lettre, envoyée le 23 mars au PDG d’Apple Tim Cook, a de quoi émouvoir jusqu’au plus froid des patrons du CAC40 et du Dow Jones réunis. Il y explique vouloir accéder aux dernières photos prises par son fils mourant de 13 ans. Mais elles sont à l’abri derrière les fameuses mesures de sécurité qui ont fait la une des médias du monde entier durant la bataille juridique entre Apple et le FBI au sujet de l’iPhone du tireur de San Bernardino. Pour l'instant, le géant américain n’a pas officiellement réagi à cette requète.
Deux poids deux mesures ?
Leonardo Fabbretti estime que la marque à la pomme devrait faire une exception pour lui et débloquer l’iPhone de son fils. “Je partage votre philosophie générale, mais je pense que vous devriez prévoir des solutions spécifiques pour des cas comme le mien”, plaide-il auprès de Tim Cook.
Deux poids deux mesures ? Dans le cas du FBI, il s’agissait de s'opposer à une puissante agence fédérale, disposant de moyens importants pour arriver à ses fins. Les enquêteurs ont d’ailleurs réussi à pirater l’iPhone grâce à l’aide d’une entreprise extérieure. Mais face à ce drame humain, le cœur n’a-t-il pas ses raisons que la raison ne connaît point ?
Le dilemme est, en effet, très différent dans les deux cas, affirment les soutiens de Leonardo Fabbretti. Apple ne voulait pas céder au FBI de peur d’établir un précédent que les autorités pouraient brandir à leur guise par la suite, mettant ainsi en danger les données privées de millions d’utilisateurs de l’iPhone. Le père éploré ne risque pas, quant à lui, de revenir à la charge encore et encore. En cédant à l’architecte italien, la marque à la pomme ne remet pas en cause son engagement de protéger ses clients contre la curiosité des autorités.
Quel drame humain est le pire ?
Trop facile, rétorquent les jusqu’au-boutistes. Leonardo Fabbretti et le FBI demandent une même chose à Apple : concevoir un logiciel ou un procédé qui permettrait de contourner les mesures de sécurité des iPhone. “Personne ne devrait détenir une clef qui permet d’ouvrir un milliard de serrures [en référence au nombre approximatif d’iPhone en liberté, NDLR]”, avait résumé Tim Cook dans une interview accordée au magazine américain Time. Il a toujours affirmé qu'Apple n'avait pas la techologie pour débloquer ainsi ces iPhone sur demande. Les défenseurs de la protection des données personnelles soutiennent cette approche, qui revient à dire qu’il ne faut même pas commencer à mettre le doigt dans cet engrenage.
Il y a un argument moral, note pour sa part le site Business Insider. Apple, une société privée, n’a pas à décider quel drame humain est plus horrible qu’un autre et mérite de faire une entorse à une position de principe importante. “Ce serait une responsabilité écrasante de se pencher au cas par cas sur chaque demande similaire de personnes qui ont perdu un proche”, écrit le site.
Reste que si Apple refuse de débloquer l’iPhone, Leonardo Fabbretti va peut-être pouvoir faire comme le FBI et se tourner vers un spécialiste extérieur. D’après le Guardian, la start-up israélienne Cellebrite, qui affirme pouvoir contourner la sécurité de n’importe quel smartphone, a offert son aide gratuitement au père en deuil.