Car la multiplication des outils électroniques et les messageries professionnelles reliées aux téléphones ont au moins eu deux effets néfastes : augmenter l'hyperconnectivité au travail et en-dehors, et donc fragiliser la frontière entre vie professionnelle et vie privée.

Hyperconnectivité

Pour Yves Lasfargue, chercheur et directeur de l'Observatoire des conditions de travail et de l'ergostressie (Obergo), "la notion d’hyperconnectivité, qui signifie être connecté en tout lieu et en tout temps, à des individus ou à des réseaux, remonte aux premières utilisations des téléphones portables et à l’envoi des premiers mails en 1995, puis 1996", mais elle s'est généralisée et "a atteint un nouveau seuil en 2005 avec l’arrivée des smartphones".

Devant l'ampleur du phénomène, les syndicats ont fini par se saisir de la question. L'UGICT-CGT par exemple, milite pour un droit à la déconnexion et une réduction effective du temps de travail pour compenser le temps de travail non rémunéré car réalisé à domicile devant les écrans.

Bien sûr, les injonctions à être multi-tâche et joignable à tout moment ne sont pas toujours exigées par les entreprises. Mais dans les faits, c'est tout comme : quel employé oserait arriver un matin et revendiquer le fait de ne pas avoir ouvert un e-mail (que le reste de son équipe aura lu) sous le motif que celui-ci a été envoyé après 19h ?

Apprendre à déconnecter

"Pour nos conditions de travail, il y a un nivellement vers le bas", concède Julien, 28 ans, salarié d'une agence de publicité. "Le fait de pouvoir consulter ses e-mails ailleurs que devant son poste de travail aurait dû nous simplifier la vie, en nous rendant plus mobiles et capables de gagner du temps." Mais c'est l'inverse qui s'est produit : cette hyperconnexion a modifié nos façons de travailler ; elle nous commande désormais de travailler plus et exige que l'on reste sur le qui-vive.

À voir comment le thème de la déconnexion a fait son apparition en tête de gondole des librairies, il est clair que la question intéresse toujours plus. Éteindre son téléphone après 20h, désactiviser sa messagerie professionnelle en vacances... Les conseils pour s'aménager de vrai temps de repos hors heures de bureau commencent à être connus de tous, d'autant plus que l'on peut de plus en plus compter sur cette personne de notre entourage qui nous rappellera "de décrocher un peu". Mais qu'en est-il de "la déconnexion au travail" ?

En attendant que le gouvernement légifère sur la question et donne un cadre à la déconnexion, voici quelques pistes pour apprendre à déconnecter sur votre lieu de travail :

1. Laissez votre téléphone portable au bureau en partant déjeuner

À moins d'avoir un très gros dossier sur le feu pile en milieu de journée, personne ne vous en voudra si vous ne répondez pas immédiatement à un e-mail entre midi et 14 heures. Vous devriez pouvoir manger votre macédoine de légumes sans tressaillir à chaque vibrement de votre téléphone.

2. Ne mettez pas systématiquement en copie tous vos collègues

Sans s'en rendre compte, nous sommes parfois intrusifs avec nos collègues. Pas la peine de les mettre dans des boucles de mails dont le contenu n'est pas leur périmètre, ni de leur écrire tard dans la soirée... Essayez de ne pas inonder leurs boîtes professionnelles, ils risqueraient de ne pas voir votre message le jour où vous aurez vraiment besoin de leur avis.

3. Fermez ces onglets ouverts inutilement et concentrez-vous le temps qu'il faudra sur une seule et unique tâche

Quand on est sur plusieurs projets, la tentation est grande de tout commencer simultanément. Évitez de laisser ouverts en même temps tous ces onglets qui vous font perdre du temps parce qu'ils assiègent votre esprit sans même améliorer votre productivité.

4. Instaurez une matinée sans e-mail 

La règle est simple : levez-vous de votre chaise et échangez oralement avec vos collègues. Promis, personne ne mord.

5. Isolez-vous ailleurs que devant un écran pour réfléchir

On ne dirait pas comme ça, mais cette personne est bel et bien en train de travailler.

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