![Nouvelles violences à Ben Guerdane, en Tunisie : dix jihadistes et un soldat tués Nouvelles violences à Ben Guerdane, en Tunisie : dix jihadistes et un soldat tués](/data/posts/2022/07/21/1658388863_Nouvelles-violences-a-Ben-Guerdane-en-Tunisie-dix-jihadistes-et-un-soldat-tues.jpg)
De nouveaux accrochages ont eu lieu mardi et mercredi à la frontière entre la Tunisie et la Libye, à Ben Guerdane, où une importante attaque avait été menée lundi par des terroristes. Dix jihadistes ainsi qu'un soldat ont été tués.
La région de Ben Guerdane dans le sud-est de la Tunisie, à la frontière avec la Libye, a connu de nouveaux accrochages mardi 8 et mercredi 9 mars. Dix jihadistes ainsi qu'un soldat ont été tués, alors que des milliers de personnes enterraient mercredi les victimes de précédentes attaques.
Deux "terroristes" tués ont été repérés mercredi matin après s'être emparés de la nourriture d'ouvriers sur un chantier à Ben Guerdane, et un soldat est mort dans l'opération, ont indiqué les autorités en faisant état d'un civil blessé. Un troisième "terroriste" qui s'était retranché dans une maison a été abattu. Mardi soir, l'armée et les forces de sécurité ont tué sept jihadistes qui avaient, eux aussi, trouvé refuge dans une maison.
Depuis les assauts lancés lundi contre une caserne militaire, un poste de police et un poste de la garde nationale à Ben Guerdane, 46 "terroristes" au total ont été abattus, de même que 12 membres des forces de l'ordre et sept civils, selon des sources officielles.
Le gouvernement tunisien a promis de procéder à une "évaluation approfondie" des éventuelles défaillances qui ont permis une offensive de cette envergure. Ces attaques n'ont pas été revendiquées mais les autorités tunisiennes les ont imputées à l’organisation de l’État islamique (EI) accusée de chercher à créer un "émirat" à Ben Guerdane, à proximité immédiate de la Libye, pays plongé dans le chaos et où l'EI sévit.
Des assaillants originaires de la région ?
Fait troublant, la majorité des assaillants tués et arrêtés étaient des Tunisiens, a précisé le Premier ministre, Habib Essid, lors d’une conférence de presse mardi. Sans écarter toutefois la possibilité de la présence d'étrangers parmi eux. Des habitants de Ben Guerdane ont raconté que des jihadistes s'étaient postés dans le centre-ville en demandant leur carte d'identité aux passants. Pour beaucoup, le fait que les hommes armés aient pu se déplacer avec autant d'aisance est le signe qu'ils sont originaires de la région.
>> À voir sur France 24 : "La chasse à l'homme continue à Ben Guerdane"
Malgré l’ampleur et le niveau de préparation de cette attaque, le chef du gouvernement a indiqué que la réaction des forces de l'ordre avait été "rapide et forte". Et de préciser : "Nous avons remporté une bataille [et] nous sommes prêts pour les autres". Aux dires du gouvernement tunisien, le but des attaques était d'instaurer "un émirat de Daech [autre nom de l’EI]" à Ben Guerdane, ville qui compte 60 000 habitants. Or "ils ne sont pas parvenus à prendre l’endroit, donc c’est assez clair que les forces de sécurité étaient en état d’alerte", affirme l’analyste politique Youssef Chérif sur France 24.
"Pas de services de renseignement en Libye"
Reste que le contrôle des quelque 460 kilomètres de frontières partagés avec un pays en proie au chaos reste difficile. D'autant que "les autorités n’ont pratiquement pas de services de renseignement en Libye, précise Youssef Chérif. Ensuite, les forces de sécurité sont extrêmement dispersées entre les frontières avec l’Algérie et la Libye, ainsi qu’à l’intérieur du pays, où il y a une présence terroriste."
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Afin d’empêcher l’arrivée de jihadistes depuis la Libye, Tunis a fait construire un mur de sable et un fossé d’eau à la frontière. "Mais il s’agit d’une construction assez archaïque, commente le politologue. C’est pourquoi les autorités demandent aux Occidentaux de les aider à renforcer la frontière en envoyant du matériel de surveillance et des drones."
Double tranchant
Le ministre tunisien de la Défense a également évoqué un possible changement de loi qui permettrait à des forces étrangères d’être stationnées dans le pays. Une disposition à double tranchant, selon Youssef Chérif, car elles prêteraient le flanc aux critiques selon lesquelles la Tunisie est à la solde des puissances étrangères, "une accusation commune dans le monde arabe qui écorne la popularité de tout gouvernement qui en est la cible".
Le gouvernement tunisien fait donc face à un dilemme, indique le politologue : d’un côté, demander l’aide étrangère pour se protéger, de l’autre garantir une partie de sa popularité en prenant le risque de devoir affronter seul la menace terroriste.
Pour l’heure, le gouvernement se veut rassurant. Les jihadistes "ont compris que la Tunisie n'était pas facile, que ce n'était pas une promenade [de santé] d'établir un émirat à Ben Guerdane", a affirmé Habib Essid. Depuis lundi, Ben Guerdane est sous couvre-feu nocturne. Mercredi matin, la ville restait quadrillée par les forces de l'ordre. Et les combats se poursuivaient dans le cadre d'une opération visant à nettoyer le secteur des combattants de l'EI, selon Sandro Lutyens, correspondant de France 24 en Tunisie.
Avec AFP