logo

Dimanche, au moins 25 personnes, dont une dizaine d’enfants, sont morts dans le naufrage de leur embarcation en mer Égée. Lundi, Bruxelles espère convaincre Ankara de s’impliquer davantage dans le "plan d’action" destiné à stopper les migrants.

La crise migratoire a une nouvelle fois fait des victimes. Un nouveau naufrage meurtrier a coûté la vie à au moins 25 personnes, dont une dizaine d’enfants, dimanche 6 mars en mer Égée.

Ce drame survient à la veille d’un sommet à Bruxelles entre l’Union européenne et la Turquie sur la gestion de cette crise. L'UE compte faire pression sur Ankara pour qu'elle l'aide à endiguer le flux des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe depuis ses côtes.

Lundi, les représentants des 28 pays membres déjeuneront avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, au moment où l'arrivée de 1,25 million de demandeurs d'asile divise comme jamais le bloc européen.

Le chef du gouvernement turc sera à Bruxelles dès dimanche soir pour "préparer le sommet" à huis clos avec la chancelière allemande Angela Merkel. Avant son départ d'Istanbul, il a affirmé que son pays avait fait des "pas importants" pour respecter sa part du "plan d'action" conclu en novembre avec l'UE afin de stopper les migrants quittant par milliers la côte anatolienne à destination des îles grecques.

>> À lire sur France 24 : "Hollande reçoit Merkel pour préparer le sommet crucial UE-Turquie"

Ce nouveau sommet extraordinaire survient dans un climat de frictions récurrentes entre l'UE et la Turquie, candidate de longue date à l'adhésion, les Européens s'inquiétant de la répression contre les médias critiques du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

"Consensus européen autour d’un stratégie globale"

Après une récente tournée dans les Balkans, en Grèce et en Turquie, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a cru déceler "un consensus européen [...] autour d'une stratégie globale, qui, si elle est mise en oeuvre de façon loyale, peut aider à endiguer les flux" migratoires.

Sa solution : appliquer à la lettre les règles de libre circulation de l'espace Schengen, en ne laissant entrer en Grèce que les seuls demandeurs d'asile. Ce qui doit permettre de lever d'ici fin 2016 les contrôles frontaliers décidés unilatéralement à l'intérieur de l'UE, puis d'expulser tous les "migrants économiques" vers la Turquie qui les renverra vers leur pays d'origine.

Ankara devrait ainsi s'engager à accepter au 1er juin des "réadmissions" en Turquie de migrants irréguliers venant des îles grecques.

Les Européens veulent aussi que la Turquie renforce la lutte contre les passeurs qui trafiquent au large de ses côtes, avec l'aide de navires de l'Otan en mer Égée.

Plus de 30 000 migrants bloqués en Grèce

La situation humanitaire reste néanmoins dramatique. Plus de 30 000 migrants demeurent bloqués en Grèce dans des conditions misérables en raison des restrictions imposées par plusieurs pays des Balkans.

L'UE doit rapidement débloquer une enveloppe inédite (700 millions d'euros sur trois ans) pour aider la Grèce, plongée dans une terrible crise économique. Et lui fournir les moyens de mieux contrôler sa frontière extérieure, qui est aussi celle de l'UE, via l'agence européenne Frontex.

De 15 000 à 20 000 migrants continuent d'arriver chaque semaine de Turquie sur les côtes grecques - moins qu'à l'automne mais en nombre "beaucoup trop élevés", s'alarment les dirigeants européens, qui craignent de nouvelles vagues lorsque le printemps rendra la traversée moins dangereuse.

En échange de sa coopération, Ankara a obtenu des contreparties substantielles : la suppression, peut-être dès l'automne, des visas imposés aux ressortissants turcs et surtout une relance de son processus d'adhésion à l'UE, sans oublier trois milliards d'euros d'aide pour les 2,7 millions de Syriens réfugiés dans le pays.

Avec AFP