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Burundi : le président Nkurunziza s’engage à dialoguer avec l’opposition, assure Ban Ki-moon

Pour sa première visite au Burundi depuis le déclenchement de la crise en avril de 2015, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est parvenu à convaincre le président Pierre Nkurunziza d’engager un "dialogue inclusif" avec l’opposition.

Mission réussie pour Ban Ki-moon. Arrivé lundi à Bujumbura pour tenter de trouver une issue à la crise au Burundi , le secrétaire général des Nations unies a affirmé avoir obtenu, mardi 23 février, du président Pierre Nkurunziza qu’il engage un dialogue "inclusif" avec l’opposition.

Le chef de l’ONU, dont c’est la première visite dans le pays depuis le déclenchement de la crise en avril 2015, est donc parvenu à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé. "C'est une visite très importante car on espère que le secrétaire général de l'ONU va peser de tout son poids sur le président Pierre Nkurunziza pour qu'il accepte enfin un dialogue inclusif et sans conditions avec toute son opposition", expliquait lundi à l'AFP un haut fonctionnaire de l'ONU, sous couvert d'anonymat.

"Gestes de bonne volonté"

L’engagement pris par le président burundais intervient alors que Bujumbura multiplie depuis quelques jours "les gestes de bonne volonté". La justice a ainsi annulé des mandats d'arrêts internationaux contre 15 personnalités, dont plusieurs leaders de l'opposition en exil. La levée de ces mandats pourrait permettre aux responsables de l'opposition de s'asseoir à la table d'éventuels pourparlers.

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Le 19 février, Bujumbura a accordé à deux radios privées le droit de réémettre. Le gouvernement a également consenti au "renforcement des observateurs des droits de l'Homme" de l'UA et de l'ONU sur place, selon un diplomate en poste au Burundi.

La crise au Burundi, outre ses conséquences pour la population civile, inquiète également la communauté internationale en raison de son possible impact sur la stabilité de la région des Grands Lacs, déjà hautement volatile. Les relations avec le Rwanda voisin se sont envenimées au point de devenir délétères ces dernières semaines. Bujumbura accuse Kigali d'entraîner sur son sol des réfugiés burundais pour déstabiliser le régime du président Nkurunziza.

Le Rwanda rejette catégoriquement ces accusations - également portées par un groupe d'experts de l'ONU puis par les États-Unis - et rappelle à qui veut l'entendre que les causes de la crise sont internes au Burundi. Le 12 février, Kigali a menacé d'envoyer les dizaines de milliers de réfugiés burundais présents sur son sol vers d'autres pays d'accueil.

Paris pour un déploiement de police de l'ONU

Sur le terrain diplomatique, la France a quant à elle soumis à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de déclaration qui suggère d'envoyer sur place des policiers de l'ONU afin de tenter d'y ramener le calme.

Ce projet de déclaration du Conseil vise aussi à soutenir les efforts de l’UA, qui doit bientôt envoyer à Bujumbura une délégation de haut niveau, et prône une relance de la médiation menée par l'Ouganda pour instaurer un dialogue entre pouvoir et opposition.

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Selon le texte dont l'AFP a eu copie, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est invité à soumettre au Conseil dans les 15 jours "toutes les options possibles pour un tel déploiement de police de l'ONU au Burundi". Celui-ci devra se faire "en consultation avec les autorités burundaises et en coordination avec l'Union africaine".

Ce contingent policier "augmenterait la capacité de l'ONU de surveiller la situation de sécurité, dont la protection des civils et des droits de l'Homme et de faire progresser l'État de droit" dans le pays. Il faudra encore définir la taille et le rôle exact de cette unité et faire adopter au Conseil une résolution autorisant son déploiement.

Une délégation de chef d’États africains attendue

La France souhaite que la déclaration soit adoptée avant la visite à Bujumbura d’une délégation de l’UA qui tentera de convaincre un gouvernement burundais très réticent d'accepter une présence internationale sur son sol.

Cinq chefs d'État missionnés par l’UA doivent effectivement se rendre jeudi et vendredi au Burundi afin de promouvoir le dialogue entre les différents acteurs de la crise politique qui secoue ce pays depuis avril 2015. "Sur la demande d'Idriss Déby Itno, président de l'UA, le président sud-africain Jacob Zuma dirigera une délégation de chefs d'État et de gouvernement à Bujumbura, les 25 et 26 février 2016", indique un communiqué de la présidence sud-africaine.

Avec AFP