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Référendum en Bolivie : vers un "non" à un quatrième mandat pour Evo Morales

Selon des chaînes de télévision en Bolivie, la majorité des votants ont rejeté le projet de réforme constitutionnelle, qui aurait permis au président Evo Morales de briguer un quatrième mandat. Le pouvoir juge cette annonce de résultats prématurée.

Plusieurs grands médias ont annoncé que le "non" l'avait emporté, dimanche 21 février, en Bolivie à l'issue du référendum portant sur la possibilité pour le président Evo Morales de briguer un quatrième mandat. Mais le pouvoir a jugé cette annonce prématurée.

Si la victoire du "non" était confirmée, il s'agirait de la première défaite politique du chef de l'État élu en 2006. Il devra alors quitter le pouvoir en 2020, à la fin de son troisième mandat.

Des résultats "dans quelques jours"

La chaîne de télévision privée ATB a annoncé, sur la base d'un sondage d'Ipsos effectué à la sortie des bureaux de vote, que le "non" à la révision constitutionnelle l'avait emporté par 52,3 % contre 47,7 %. La chaîne Unitel, citant un sondage d'Equipos Mori, a elle aussi donné le "non" vainqueur, avec 51 % contre 49 %.

Mais le vice-président bolivien, Alvaro Garcia, s'est montré sceptique. "Il est hautement probable que ces chiffres se modifient de manière radicale", a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse à La Paz. Selon lui, les deux chaînes n'ont pas pris en compte le vote de Boliviens résidant à l'étranger ni le vote de régions rurales reculées où le pouvoir bénéficie selon lui d'un "large soutien". Il convient donc, a-t-il nuancé, d'attendre les résultats officiels qui seront publiés par le Tribunal suprême électoral (TSE), lequel s'est engagé à donner ces résultats "dans quelques jours".

Les premiers résultats partiels ont été publiés sur le site Internet d'un organisme officiel bolivien, l'OEP. Basés sur 13 % des suffrages, ils donnaient le "non" à 67,71 % et le "oui" à 32,29 % mais ne permettaient pas de dégager une tendance nationale claire, car ils n'incluaient pas le vote dans les régions rurales, traditionnellement favorables à Evo Morales, ni le vote de l'étranger.

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Référendum en Bolivie : vers un "non" à un quatrième mandat pour Evo Morales

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Après l'annonce de la victoire du "non" par les médias, les opposants au président ont organisé des fêtes populaires dans plusieurs villes de Bolivie, notamment à Santa Cruz, dans l'Est, et à Trinidad, dans le Nord-Est. "La Bolivie a dit non !", a lancé l'un des leaders de l'opposition, Ruben Costas, gouverneur de la province de Santa Cruz.

"Nous nous sommes réapproprié la démocratie et nous avons retrouvé le droit de choisir", s’est pour sa part réjoui Samuel Doria Medina, ex-candidat à l'élection présidentielle, vaincu à deux reprises par Evo Morales. "Aujourd'hui, le projet de transformer la Bolivie en un pays à parti unique est mort !", a-t-il poursuivi au cours d'une conférence de presse, saluant une "victoire du peuple".

La présidente du TSE, Katia Uriona, a jugé que le vote "s'était déroulé de manière absolument normale" à l'exception d'un incident "isolé" dans un bureau de Santa Cruz. Un constat similaire a été dressé par une mission de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et par celle de l'Organisation des États américains (OEA).

Soupçons de trafic d'influence

Evo Morales, 56 ans, premier président amérindien de Bolivie, avait affiché, dimanche, un optimisme sans faille après avoir déposé son bulletin dans l'urne. "Nous allons largement gagner", avait-il prédit.

Quelque 6,5 millions de Boliviens étaient appelés à exprimer leur voix, dans un pays où le vote est obligatoire. Les électeurs devaient se prononcer sur une révision constitutionnelle permettant au président et au vice-président, tous deux au pouvoir depuis 2006 et dont le mandat actuel expire en 2020, de briguer un quatrième mandat de cinq ans. En cas de réélection, Evo Morales et Alvaro Garcia seraient au pouvoir jusqu'en 2025.

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Jusqu'à la semaine dernière, les partisans de la réforme étaient à égalité avec les opposants dans les sondages d'intention de vote. Mais des accusations visant le président ont commencé à changer la donne. Dans les derniers sondages avant le scrutin, les tenants du non (47 %) devançaient largement ceux du oui (27 %).

Evo Morales est visé par plusieurs enquêtes. Il est notamment soupçonné d'avoir usé de son influence en faveur de son ex-compagne, Gabriela Zapata. À 28 ans, cette dirigeante de l'entreprise chinoise CAMC a signé des contrats avec le gouvernement pour 576 millions de dollars (516 millions d'euros). Le chef de l'État, champion autoproclamé du socialisme du XXIe siècle, a nié : "Quel trafic d'influence ? Tout ça est un montage de l'ambassade des États-Unis !", a-t-il accusé.

Avec AFP