Les Nigériens voteront dimanche pour élire leur président. Le pays figure parmi les plus vulnérables du monde en raison de sa situation sécuritaire, alimentaire et économique. Les défis qui attendent le futur chef d’État sont immenses.
Les électeurs nigériens se rendront aux urnes dimanche 21 février pour des élections présidentielle et législatives. À la tête du pays depuis 2011, Mahamadou Issoufou, 63 ans, brigue un second mandat. Ancien président du Parlement de 1995 à 1996, il est convaincu de remporter l’élection dès le premier tour.
Un espoir ambitieux pour ce ténor de la vie politique nigérienne dont le bilan n’est pas à la mesure des attentes des Nigériens. Les jeunes, surtout, réclament des mesures en faveur de l’emploi. Dans son rapport 2015, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) place le Niger en dernière position de son classement du niveau de développement humain de 188 pays.
"La première de toutes les urgences est l’emploi des jeunes"
Avec un indice de fertilité de 7,6 enfants par femme, le Niger détient le record de la croissance démographique la plus importante du monde. Selon le PNUD, 48,6 % de la population nigérienne a moins de 15 ans.
Mais face au manque d’activités rémunératrices dans les zones rurales, de plus en plus de jeunes quittent les campagnes pour les villes dans l’espoir de trouver un emploi. Or, "Il n’y a que 4 000 emplois salariés dans le pays", déplore Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), responsable de la section Afrique. Selon lui, "La première de toutes les priorités [du futur président, NDLR] doit être l’emploi des jeunes dans les zones rurales et urbaines".
Le manque de travail associé à une sécheresse qui fragilise toujours plus la sécurité alimentaire de la population ne laisse bien souvent à la population que le choix de la migration.
"Le pays a faim"
La situation alimentaire du Niger déjà fragile se dégrade avec le réchauffement climatique. Pour Philippe Hugon, "le Niger est l’un des deux-trois pays les plus vulnérables du monde sur le plan alimentaire". L’ONU estime d’ailleurs qu’en 2016, deux millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire au Niger.
À sa prise du pouvoir en 2011, Mahamadou Issoufou avait pourtant lancé son programme "Renaissance" et promis de s’attaquer à l’insécurité alimentaire endémique, rappelle Thomas L. Miles, chercheur indépendant spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, dans un article publié sur le site "African agruments".
Mais selon ses opposants, depuis six ans les budgets militaires ont explosé et aucune mesure d’envergure n’a été mise en place pour soutenir l’agriculture et réduire la pauvreté. "Il [Issoufou, NDLR] a construit à grands frais des routes et des échangeurs, alors que le pays a faim et les hôpitaux sont sans médicaments", s'offusque un proche de Seïni Oumarou, le leader de l'opposition, autre favori de la présidentielle.
Menacé au nord-est par les jihadistes du Sahel et au sud-ouest par la secte islamiste Boko Haram, le Niger est dans une situation sécuritaire extrêmement délicate qui permet au gouvernement de justifier la hausse de ses dépenses militaires.
Risque de fraude massive
Pour le gouvernement d’Issoufou, le défi le plus urgent reste de permettre la bonne tenue du scrutin de dimanche. D’autant plus que la campagne a déjà été marquée par des troubles entre partisans du président sortant et opposants.
Par ailleurs, l’opposition dénonce un risque de fraude massive à l’aide de cartes d’électeurs "fausses ou non distribuées", selon "Jeune Afrique". Le Conseil d’État a en effet donné un avis favorable le 17 février au "vote par témoignage", c'est-à-dire la possibilité de voter sans papiers d’identité mais en étant accompagné de deux personnes qui attestent de votre identité.