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La femme qui a dénoncé Abaaoud se dit oubliée par l'État

Dans une interview diffusée sur RMC et BFMTV, la femme qui a dénoncé l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, se dit abandonnée par l'État. Après la diffusion, une enquête a été ouverte pour mise en danger de la vie d'autrui.

La femme qui a permis de retrouver Abdelhamid Abaaoud s'estime oubliée par l'État. Dans une interview diffusée par RMC et BFMTV, ce témoin protégé témoigne sous le nom d'emprunt de Sonia. Elle explique qu'elle a dû fuir son quotidien pour éviter les représailles et vit sous protection policière.

"On ne peut même pas dire que ma vie n'est plus du tout la même, je n'ai plus de vie", raconte-t-elle. "Je n'ai plus de vie sociale, je n'ai plus de travail, je n'ai plus d'amis, je n'ai plus de famille. On m'a coupée du reste du monde."

Amie de Hasna Aïtboulahcen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, Sonia a accompagné celle-ci à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) sans savoir qu'elle y rencontrerait le jihadiste belgo-marocain.

C'était le 15 novembre, soit deux jours après les pires attentats jamais commis en France, au cours desquels 130 personnes ont été tuées à Paris et Saint-Denis, et qui ont été revendiqués par l'organisation État islamique (EI).

À ce moment-là, Abdelhamid Abaaoud est "fier" des attentats, dit Sonia sur BFMTV et RMC. Il en parle "comme s'il racontait qu'il est parti faire les courses et qu'il avait trouvé un baril de lessive en promotion".

Enquête ouverte pour mise en danger de la vie d'autrui

Le témoignage de cette femme à la police a permis aux enquêteurs de tracer Hasna Aïtboulahcen jusqu'à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), quand celle-ci rencontre son cousin peu avant qu'il ne se réfugie dans un appartement d'un immeuble insalubre de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où Abaaoud sera tué lors de l'assaut du 18 novembre. "Sonia" avait accompagné son amie à Aubervilliers et avait elle-même rencontré Abdelhamid Abaooud.

Mais la diffusion de cet entretien pourrait mettre en danger le témoin protégé. "Tous ceux qui diffusent des interviews, font du bruit sur ce sujet-là, plutôt que de traiter discrètement cette question, comme nous nous employons à le faire, lui font prendre un risque", a déploré jeudi matin le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, invité d'Europe 1.

Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui, après la diffusion de l'entretien. L'enquête vise également un article du Point.fr

L'enquête, ouverte également des chefs de violation du secret de l'instruction et recel, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP). Elle "s'attachera notamment à déterminer les conditions dans lesquelles les informations diffusées ont pu être recueillies", indique le procureur de Paris, François Molins, dans son communiqué.

Avec AFP