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Hommage à République : "Il faut montrer que l'esprit du 11-Janvier n'est pas mort"

Un an après la marche du 11-Janvier, la cérémonie organisée place de la République à Paris en hommage aux victimes des attentats de 2015 ont réuni des centaines de personnes, davantage venues dans un esprit de recueillement que de mobilisation.

"À la mémoire des victimes des attentats terroristes de janvier et novembre 2015, à Paris, Montrouge et Saint-Denis. Ici même, le peuple de France leur rend hommage." C’est au pied d’un chêne tout juste planté dans un coin de la place de la République, à Paris, que François Hollande a dévoilé, dimanche 10 janvier, la plaque commémorative des attaques jihadistes, qui ont frappé la France en 2015.

Bien qu’aucun attentat n’y fût perpétré, la place de la République, où trône une imposante statue de Marianne, est devenue en un an un lieu de recueillement et le symbole de la mobilisation contre le terrorisme. C’est ici que des milliers de personnes s’étaient spontanément rassemblées quelques heures après la tuerie contre la rédaction de Charlie Hebdo. Ici aussi où près deux millions de personnes s’étaient donné rendez-vous pour lancer une grande marche le 11 janvier 2015 pour afficher leur unité face à la terreur.

"Je suis presque la seule à porter le drapeau, c’est dommage"

Un an après, la foule n’est pas vraiment au rendez-vous de la cérémonie de commémoration des attentats de 2015. L’ambiance est lourde et les mines graves. En ce dimanche gris et maussade, l’heure est davantage au recueillement qu’à la mobilisation citoyenne.

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Hommage à République : "Il faut montrer que l'esprit du 11-Janvier n'est pas mort"

Drapeau français sur les épaules, Élodie n’a pas hésité à faire 2 heures 30 de train pour venir "soutenir les familles des victimes". "Même si cela fait un an, nous n’oublions pas", affirme cette trentenaire venue de Haute-Marne, dans l’est de la France. Elle qui, à son grand désarroi, n’avait pu se rendre à la grande marche citoyenne du 11 janvier 2015 déplore le peu d’affluence de ce dimanche. "Et je suis presque la seule à porter le drapeau, c’est dommage."

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Christophe fait lui aussi partie des rares personnes présentes qui ont revêtu le bleu-blanc-rouge national. "C’est quand même mieux qu’un t-shirt du Paris Saint-Germain, non ?", plaisante-t-il. Depuis les attentats sanglants du 13 novembre, cet habitant d’Athis-Mons, en banlieue parisienne, met un point d’honneur à se rendre une fois par semaine "minimum" sur la place de la République "parce que c’est le lieu le plus représentatif des commémorations. Cela aurait pu être Bastille ou un autre endroit, mais c’est ici que les hommages ont commencé".

Comme de nombreuses personnes, françaises ou non, vivant en Hexagone, Christophe a le sentiment que c’est une part de lui-même qui a été visée lors des attentats. "Le 13 novembre, j’étais au Stade de France, mais j’aurais pu tout aussi bien être au Bataclan." Et ce lecteur assidu de Charlie Hebdo d’ajouter, encore médusé : "Je lisais Cabu, je lisais Charb et, aujourd’hui, ils ne sont plus là".

"Johnny, c’est une icône"

En tant que fidèle du journal satirique, considère-t-il, à l’instar des proches des caricaturistes assassinés, la participation de Johnny Hallyday aux commémorations comme contraire à "l’esprit Charlie" ? "Je ne vais pas vous dire que je suis fan, mais Johnny, c’est une icône, c’est l’image de la France. Moi, je trouve cela génial qu’il ait pris cette initiative. Après ce qu’on a vécu, cette polémique restera dans les profondeurs…"

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Hommage à République : "Il faut montrer que l'esprit du 11-Janvier n'est pas mort"

Rassemblement. En dépit de la faible mobilisation, le mot revient dans toutes les bouches. "Il faut montrer que l’esprit du 11-Janvier n’est pas mort", clame Marie, une jeune Franco-Gabonaise venue place de la République avec Adeline, sa sœur, et Constance, une amie franco-américaine. "Aujourd’hui, la France est trop divisée, alors que la meilleure façon de combattre le terrorisme, c’est de se rassembler", plaident ces trois étudiantes qui craignent un recul des libertés individuelles en France.

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Pour elles, d’ailleurs, c’est bien moins Johnny Halliday qui déshonore Charlie que la déchéance de la nationalité souhaitée par le président François Hollande. "Cette mesure est en train de créer une sous-catégorie de Français, regrette Adeline. Nous, nous sommes toutes les trois binationales mais nous sommes aussi françaises, nous avons donc notre place ici."

Italien à la retraite, Giovanni a beau ne pas vivre en France, il craint lui aussi que l’adoption de lois d’exception finissent par réduire les libertés. "Nous avons connu ça en Italie avec les Brigades rouges", rappelle ce Vénitien qui confesse, les larmes aux yeux, être un proche de la famille de Valéria Solesin, la jeune Italienne tombée sous les balles des assaillants du Bataclan. "J’espère que ces attentats ne se répéteront pas, mais je ne suis pas optimiste", dit-il avant de quitter la place de la République.

Après une demi-heure de commémorations présidées par François Hollande, la cérémonie s’est achevée comme elle avait débuté : dans le calme et le silence. "Et le vent à notre place chantait sans fin sur la place", entonnait quelques minutes plus tôt Johnny Hallyday dans sa chanson "Un dimanche de janvier".