Alassane Ouattara a accepté, mercredi, la démission de Daniel Kablan Duncan et de son gouvernement, avant de reconduire le Premier ministre. Objectif du remaniement : "plus d'efficacité" selon le président... mais pas seulement.
Le remaniement était attendu depuis plusieurs semaines en Côte d'Ivoire, il est désormais effectif. Alassane Ouattara, le président ivoirien, a accepté, mercredi 6 janvier, la démission du Premier ministre Daniel Kablan Duncan et de son gouvernement. Il a ensuite été reconduit dans ses fonctions le Premier ministre et chargé de former un nouveau gouvernement.
"La mise en place du nouveau gouvernement aura comme objectif une plus grande cohésion pour plus d'efficacité dans l'action gouvernementale" a déclaré le président.
La démission du gouvernement Duncan a pu surprendre : le Premier ministre était en poste depuis novembre 2012 et avait été reconduit après la réélection avec 83 % des voix d’Alassane Ouattara pour un second mandat fin octobre.
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Le président ivoirien avait alors expliqué que maintenir la confiance en son gouvernement était une façon de "louer le travail et les réalisations" des ministres durant son premier mandat. Mais il n’avait pas caché ces dernières semaines vouloir "rajeunir" l'équipe gouvernementale et y intégrer notamment plus de femmes (cinq femmes sur 37 ministres et ministres délégués actuellement).
Sanctions ou stratégie politique interne ?
Des observateurs de la presse ivoirienne voient derrière ce remaniement une façon de "sanctionner" certains ministres dans la gestion de plusieurs crises récentes, comme la grogne des universités ou encore le scandale autour de Guillaume Soro, le président de l'Assemblée nationale. Mais d’autres y voient avant tout une stratégie politique interne.
"Ce remaniement est à analyser sous l'angle politique avec le débat sur le parti unifié entre le Rassemblement des Républicains (RDR), parti d’Alassane Ouattara, allié avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par l'ancien président Henri Konan Bédié" explique Edwin Anoma, directeur de publication du journal ivoirien Le Point Sur.
Selon lui, ce remaniement permet à Alassane Ouattara d’écarter les plus vieux ministres, certains présents depuis plus de dix ans, et faire la promotion de nouvelles têtes. Or, selon l’accord entre les deux partis, c’est un homme du PDCI qui doit être candidat à la présidentielle en 2020. "Malgré cela, certains ministres du RDR estiment que la victoire d'Alassane Ouattara doit avant tout leur profiter, pendant que d'autres plus proches du PDCI remettent en question cette prédominance", poursuit Edwin Anoma.
Ainsi, par ce remaniement, "le président ivoirien envoie un message au PDCI en affirmant qu’il compte toujours autant", conclut le journaliste.
La nomination du prochain gouvernement devrait intervenir dans les prochains jours avant le mercredi 13 janvier, pour le prochain Conseil des ministres au palais présidentiel d’Abidjan.