![L'État français facilite l'accès aux archives de la Seconde Guerre mondiale L'État français facilite l'accès aux archives de la Seconde Guerre mondiale](/data/posts/2022/07/20/1658342860_L-Etat-francais-facilite-l-acces-aux-archives-de-la-Seconde-Guerre-mondiale.jpg)
Un arrêté publié au Journal officiel facilite l'ouverture d'archives relatives à la Seconde Guerre mondiale. Des documents émanant des ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de l'Intérieur sont désormais librement consultables par tous.
Deux jours après Noël, le gouvernement a fait un joli cadeau aux Français désireux d’en savoir plus sur la Seconde Guerre mondiale. Dans un arrêté publié dimanche 27 décembre au Journal officiel, les autorités ont décidé de faciliter l’accès aux archives relatives cette période.
"Cet arrêté prévoit la libre consultation avant l’expiration des délais prévus à l'article L. 213-2 du code du patrimoine, d'archives relatives à la Seconde Guerre mondiale émanant principalement des ministères des Affaires étrangères et du Développement international, de la Justice et de l'Intérieur", peut-on ainsi lire dans le JO. En d’autres termes, les personnes souhaitant consulter ces archives n’auront plus besoin de formuler de demande de dérogation en expliquant leurs motivations ou d’attendre la fin du délai de 75 ans.
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Pendant de longues années, les historiens ont interpellé les autorités pour avoir un accès plus facile à ces archives. En 1997, une circulaire du gouvernement Jospin avait été émise pour faciliter l’obtention de dérogations. Depuis la loi du 15 juillet 2008, les délais de communicabilité ont également été abaissés et les archives du régime de Vichy ont été rendues entièrement accessibles aux chercheurs.
La plupart des secrets de cette période sombre ont ainsi été déjà longuement décortiqués, mais pour Jean-Pierre Azéma, ce nouvel arrêté va quand même "grandement faciliter la tâche des historiens", en leur faisant gagner du temps et sans la crainte d'essuyer un refus. Et selon ce spécialiste de l’histoire de Vichy et de la Résistance, l'important est que cela va plus loin en ouvrant la porte aux particuliers : "C’est une dérogation générale qui vaut pour tous. Si vous voulez aller demain aux Archives nationales consultez ces documents, vous pouvez tout à fait le faire. Ce n’est pas la révolution, mais cela permet de mieux connaitre l’histoire et les enjeux mémoriels".
Des documents sur Vichy et le gouvernement provisoire
Parmi les archives concernés par cet arrêté figurent notamment "les documents relatifs aux affaires portées devant les juridictions d'exception instaurées par le régime de Vichy" puis, à la Libération, par "le gouvernement provisoire de la République française", en place entre 1944 et 1946. Cela concerne aussi "les dossiers de l'administration centrale du ministère de la Justice" sous Vichy et sous le gouvernement provisoire ainsi que ceux relatifs "aux enquêtes réalisées par les services de police judiciaire" pendant la guerre.
Les documents de la police judiciaire d'après-guerre, jusqu'au 31 décembre, sont également accessibles, dans la mesure où ils ont trait à des affaires survenues avant l'armistice du 8 mai 1945, à l'exception des dossiers de droit commun. L’arrêté précise cependant qu’il s’agit d’une ouverture partielle car les consultations seront autorisées sous réserve "de la déclassification préalable des documents couverts par le secret de la défense nationale". On pourra notamment y trouver les condamnations de résistants passés en Cour martiale en 1944, ou encore ceux de collaborateurs jugés lors de l'épuration.
En donnant accès à ces archives, "l’État admet que le citoyen est devenu plus mature et ne va pas faire n’importe quoi avec les documents", résume Jean-Pierre Azéma. Selon l’historien, il ne faut pas oublier que ce droit entraîne aussi des devoirs. "Il faut respecter l’honneur des individus. Ce n’est parce que vous allez trouvez quelques lignes sur quelqu’un dans des documents que vous allez pouvoir faire un roman sur lui. Outre le respect de la vie privée, si l'on veut vraiment dire que quelqu’un a fait ceci ou cela, il faut s’appuyer prendre des précautions et surtout recouper les sources", insiste-t-il.