
Le Parlement du Burundi, réuni lundi, a dénoncé le projet de l'Union africaine de déployer une mission de maintien de la paix dans le pays. Le bloc panafricain souhaite prendre des mesures pour enrayer les violences qui durent depuis huit mois.
Réunies en Congrès extraordinaire lundi 21 décembre, les deux chambres du Parlement du Burundi ont exhorté le gouvernement à refuser le déploiement d'une mission de maintien de la paix de l'Union africaine (UA) dans le pays afin de "ne pas hypothéquer [s]a souveraineté". Le Congrès a également rappelé le principe de "non ingérence d'un État membre [de l'UA] dans les affaires intérieures d'un autre membre".
L'organisation panafricaine avait décidé, le 18 décembre, de déployer 5 000 hommes au Burundi pour une durée de six mois renouvelables, afin d'y enrayer le cycle des violences, accentuant ainsi la pression sur le gouvernement burundais.
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Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, qui a autorisé cette mission, avait fixé un ultimatum à Bujumbura pour se plier à cette décision, faute de quoi le bloc panafricain prendrait des "mesures supplémentaires" pour s'assurer qu'elle soit appliquée. Bujumbura a annoncé son refus avant même la date butoir.
Le Congrès a par ailleurs tenté de rassurer l’UA, qui craint qu'un génocide soit en préparation ou en cours. "Le Burundi est un pays en paix", les violences ne touchant que quelques quartiers isolés de Bujumbura, a ainsi déclaré Pascal Nyabenda, président à la fois du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, et de l'Assemblée nationale.
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"Si les troupes de l'UA venaient sans l'aval du gouvernement, il s'agirait alors d'une force d'invasion et d'occupation" et le gouvernement burundais se réserverait "le droit d'agir en conséquence", a prévenu dimanche Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza.
"Le moment est jugé grave par le pouvoir"
Dans sa déclaration, le Congrès s'est aussi "indigné du silence" de l'UA sur les agissements du Rwanda, qu'il accuse de mettre sur pied une rébellion en recrutant dans les camps de réfugiés burundais sur son sol.
La convocation en Congrès de l'Assemblée nationale et du Sénat, deux chambres complètement dominées par le CNDD-FDD, est un événement rare - c'est une première depuis le début de la crise fin avril -, qui témoigne du fait que le moment est jugé grave par le pouvoir.
Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l'armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu.
Avec AFP