
La conférence internationale sur la Libye s'est ouverte dimanche à Rome, au surlendemain d'un accord trouvé par des représentants des deux autorités politiques rivales libyennes, visant à mettre fin au conflit qui ravage le pays.
L'Italie et les États-Unis organisent, dimanche 13 décembre à Rome, une conférence internationale sur la Libye pour tenter d'accélérer la formation d'un gouvernement d'union et mettre fin au chaos dans lequel est plongé le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Cette conférence intervient au surlendemain de l’annonce par l’émissaire spécial de l’ONU, Michel Kobler, "d’un accord" pour la formation d'un gouvernement d’union nationale entre les deux Parlements rivaux : celui des groupes islamistes de Tripoli et celui de Tobrouk, le seul reconnu par la communauté internationale.
Une impulsion avant la signature le 16 décembre
Aux cotés d'une dizaine de représentants de diverses factions libyennes, des ministres de toute la région et bien au-delà (des représentants des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, d'Allemagne, d'Algérie, du Tchad, du Maroc, du Niger, du Qatar, et de Turquie notamment) participent à la conférence, co-présidée par le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni et son homologue américain John Kerry.
L'objectif des puissances occidentales est de donner une "impulsion, si possible décisive", à l'accord conclu en octobre et que les délégations des deux Parlements rivaux se sont engagés vendredi à signer le 16 décembre, a expliqué samedi, Paolo Gentiloni. Face à la montée en puissance dans ce pays de l'organisation de l'État islamique (EI), les Occidentaux ont récemment accentué la pression sur les parties en conflit.
Critiques contre un accord obtenu au forceps
Selon des sources européennes et américaines, l'objectif est de former un gouvernement d'union dans les 40 jours suivant la signature de mercredi, faute de quoi l'ONU pourrait imposer des sanctions sur les parties récalcitrantes.
En revanche, si l'accord tient, le gouvernement d'union pourra obtenir des armes et même un appui militaire international pour asseoir son autorité, lutter contre le terrorisme et l'immigration clandestine, a expliqué à l’AFP un responsable américain.
La tâche menace d'être compliquée alors que des voix discordantes se sont déjà élevées contre cet accord, notamment à Tripoli, où, vendredi après-midi, des centaines de manifestants se sont d'ailleurs rassemblés pour appeler au rejet de l'accord. Un vice-président du Parlement de Tripoli, Awad Mohammed Abdoul-Sadiq, a ainsi déclaré que "les participants à ce dialogue (sous l'égide de l'ONU) ne représentent qu'eux-mêmes".
D’aucuns préviennent que toute tentative de précipiter le processus de réconciliation risque de renforcer les résistances qui se sont exprimées depuis l'annonce de cet accord en octobre. Pour certains observateurs, sa signature au forceps via une médiation étrangère reste "un pari irresponsable", comme l'ont ainsi dénoncé Emma Bonino, ancienne ministre italienne des Affaires étrangères, et le haut diplomate français Jean-Marie Guéhenno dans le magazine "Politico".
Vendredi à Tunis, les délégations des deux Parlements rivaux n'ont pas été en mesure de promettre que leur Parlement respectif ratifierait par la suite l’accord.
Avec AFP