
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé que du gaz moutarde avait été utilisé lors de combats en Syrie en août dernier. Conformément à son statut, l'organisation n'a pas désigné de responsable.
Du gaz moutarde a été utilisé cet été lors de combats en Syrie, a confirmé pour la première fois vendredi 6 novembre l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui, conformément à son statut, n'a désigné aucun responsable.
Les experts en armes chimiques ont conclu que ce gaz asphyxiant avait été utilisé le 21 août à Marea, une ville de la province d'Alep, dans le nord du pays. Un rapport encore confidentiel a été envoyé aux États membres de l'OIAC, qui doivent se réunir fin novembre.
"On ne peut pas écarter l’hypothèse selon laquelle des stocks résiduels du programme militaire chimique syrien puissent être présents sur le théâtre des opérations et que l’un des belligérants ait pu mettre la main sur des petites quantités du stock", a expliqué sur France 24 Olivier Le Pick, spécialiste des armes chimiques.
Et d’ajouter, "on ne peut pas non plus écarter l’hypothèse d’une fabrication endogène. Contrairement au gaz sarin qui a été utilisé dans la banlieue de Damas il y a une dizaine de mois, le gaz moutarde est beaucoup plus facile à synthétiser et il est à la portée de chimistes relativement peu compétents à fabriquer".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'usage du gaz moutarde en Syrie est évoqué. Des militants syriens et des ONG médicales avaient déjà affirmé fin août qu'une attaque à l'arme chimique avait touché des dizaines de personnes à Marea, où des combats opposaient des rebelles à des jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI).
Accusations contre l'EI
Des patients soignés dans un hôpital d'Alep rattaché à Médecins sans Frontières avaient également évoqué un obus de mortier dégageant "un gaz jaune" dans leur maison. Selon des militants présents sur place au moment des faits, plus de 50 obus avaient été tirés ce jour-là sur Marea par l'EI.
Les accusations de recours aux armes chimiques par l'EI se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie, où le groupe jihadiste occupe de vastes régions.
Washington, Londres et Paris avaient également accusé en août le régime syrien d'avoir utilisé du gaz de chlore contre des rebelles.
Le régime syrien est censé avoir détruit tout son arsenal chimique, aux termes d'un accord américano-russe de septembre 2013 qui lui a permis d'éviter des bombardements occidentaux - après, déjà, des accusations d'utilisation de chlore. Mais l'OIAC a conclu, en 2014, que du gaz de chlore avait été utilisé dans le conflit.
Déclenché en 2011 après la répression sanglante de manifestations réclamant des réformes, le conflit en Syrie est devenu complexe au fil des années, avec une multiplication des acteurs, locaux et étrangers, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a causé la mort de plus de 250 000 personnes et poussé à la fuite des millions de Syriens.
Avec AFP