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Poutine invite l'UE à s'impliquer davantage dans la crise gazière

Craignant que l'Ukraine ne puisse régler ses factures de gaz fourni par Moscou, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a demandé à l'Union européenne (UE) d'octroyer un crédit à Kiev.

AFP - Face au spectre d'une nouvelle crise énergétique agité encore vendredi par Vladimir Poutine, l'UE a promis d'examiner les moyens d'aider l'Ukraine à régler ses factures de gaz russe, même si elle a averti qu'elle voyait mal comment payer pour Kiev.

Depuis plus d'une semaine, Moscou brandit la menace d'une nouvelle interruption de ses livraisons à l'Ukraine, après la crise de janvier qui a privé les Européens deux semaines durant de leurs livraisons de gaz russe, dont 80% transitent par l'Ukraine. Sans susciter de réaction de l'UE.

Mais jeudi, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, qui se veut très proche du Premier ministre russe, a dit vouloir appuyer au sommet des dirigeants européen des 18-19 juin la demande de Moscou de voir l'Europe régler une part des factures de gaz ukrainiennes.

Vendredi, le président de la Commission européenne José Manuel a reconnu que M. Poutine lui avait écrit et l'avait appelé "pour parler des difficultés auxquelles il s'attend dans les paiements venant d'Ukraine, et pour dire que l'Ukraine avait demandé de l'aide pour financer ces paiements"

Le président de la Commission a indiqué avoir "promis" de "soulever cette question avec les chefs d'Etat et de gouvernement" en juin, pour "voir ce qu'il est possible de faire".

Il a cependant jugé "difficile, sinon impossible" d'accorder de nouveaux fonds à l'Ukraine sur le budget européen, estimant que ce problème relevait "principalement" de Kiev et Moscou.

L'Ukraine est de tous les pays de l'ex-URSS celui dont l'UE est le plus proche. Elle octroie déjà une importante aide financière à Kiev, touché par une crise économique et politique profonde et sous perfusion du FMI qui lui a  promis en novembre 16 milliards de dollars de prêts.

Depuis Moscou, M. Poutine a affirmé vendredi que les difficultés de paiement de l'Ukraine créaient une situation "exceptionnellement sérieuse" et appelé les Européens à s'associer à Moscou pour lui octroyer un crédit.

Il a souligné que Kiev avait jusqu'au 7 juin -10 jours- pour payer ses livraisons de gaz russe destiné à la consommation interne ukrainienne et à remplir les réservoirs souterrains ukrainiens en prévision de l'automne.

M. Poutine n'a pas dit quelle forme pourrait prendre l'aide de l'UE, mais un membre de son gouvernement a parlé d'un "pool international". Une idée qui rappelle la proposition russe de gérer le réseau de transit ukrainien via un consortium international, que les Ukrainiens ont toujours rejetée.

Selon Gazprom, la compagnie ukrainienne Naftogaz n'a pu honorer ses dernières factures que grâce aux avances consenties par le géant gazier russe sur les frais de transit qu'il paie à l'Ukraine. Gazprom affirme avoir déjà avancé tous les frais de transit payables en 2009, et refuse de continuer.

Dans ce contexte, les cuves ukrainiennes, quasiment vidées lors de la crise de janvier, n'ont pu être re-remplies comme elles devraient l'être en prévision de l'automne et l'hiver. D'où l'intérêt de l'UE de s'impliquer, selon Gazprom.

Selon M. Berlusconi, il faudrait verser 5 milliards de dollars pour remplir les cuves ukrainiennes, à partager en deux entre l'Europe et Moscou.

Même si une coupure de gaz à l'aproche de l'été n'aurait pas la même gravité que celle de janvier, le diplomate européen a jugé "tout à fait normal qu'on parle de ce sujet important au sommet européen".

"Il y avait déjà eu une alerte il y a deux-trois mois sur la capacité de l'Ukraine à payer ses factures, on est dans un état de tension", a-t-il souligné.

Il a cependant indiqué qu'il voyait mal comment l'UE pourrait "verser de l'argent à l'Ukraine sans conditionnalité".