Alors que la Cour constitutionnelle a dissous le parti au pouvoir, les manifestants acceptent de lever le blocus de l'aéroport international de Bangkok mercredi. Mais les vols ne devraient reprendre que le 15 décembre, sauf pour les avions-cargos.
Lisez le témoignage d'une touriste française bloquée dans un aéroport de Bangkok.
Coup de tonnerre judicaire en Thaïlande, où la Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution du parti au pouvoir, reconnu coupable de fraude électorale lors des élections de décembre 2007.
Le Premier ministre Somchai Wongsawat, ainsi que les principaux dirigeants du Parti du pouvoir du peuple (PPP), sont par ailleurs interdits d’activité politique pendant cinq ans.
Dans la foulée, les manifestants antigouvernementaux ont annoncé avoir trouvé un accord en vue d'une reprise rapide du trafic aérien à Bangkok. Mais les autorités aéroportuaires estiment que les vols ne devraient pas reprendre avant le15 décembre, en raison des "énormes dégâts" causés par le blocus d’une semaine des deux aéroports de la ville.
"Un coup d’Etat judiciaire"
Le verdict de la Cour suprême intervient alors que le pays est en proie à une tension politique croissante entre partisans et adversaires du gouvernement.
Cyril Payen, le correspondant de FRANCE 24 en Thaïlande, décrit le climat qui règne à Bangkok : "Les manifestants progouvernementaux ont tout d’abord tenté de bloquer l’arrivée des juges à la réunion, puis une fois le verdict rendu, ils ont aussitôt dénoncé ce qu’ils appellent un 'coup Etat judiciaire'".
Le Premier ministre, qui vit retranché depuis près d'une semaine à 700 kilomètres au nord de Bangkok, annonce qu’il accepte cette décision "inattendue", mais ses partisans refusent le verdict : "Selon eux, les juges sont à la solde de forces invisibles, sans que l’on sache véritablement qui ils pointent du doigt", affirme Cyril Payen.
L’avenir politique de la Thaïlande est toujours très indécis et cette victoire pour les antigouvernementaux pourrait être de courte durée selon Cyril Payen : “Tant que la coalition qui était au pouvoir reste soudée, elle est en mesure de remporter les prochaines élections."
Ovations dans les aéroports de Bangkok
L’annonce de la décision de la Cour suprême a été accueillie par les ovations des manifestants antigouvernementaux dans les aéroports de Bangkok. Ils demandaient depuis plusieurs mois la démission de M. Somchai, qu’ils accusent d’être un simple "pantin" à la solde de son beau-frère, l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 par l'armée.
Cette victoire judiciaire ne doit pas faire oublier la nature du mouvement antigouvernemental, selon Gauthier Rybinski, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24 : "Ce mouvement est d’extrême droite et il vise à exclure de la vie politique toute un pan de la population, qu’il juge pas suffisamment éduqué pour y prendre part. Ils estiment simplement que la démocratie ne peut pas exister en Thaïlande."
De son côté, l’armée ne fait qu'observer pour l'instant mais pourrait intervenir plus directement dans les heures qui viennent. Son chef a indiqué qu’il était prêt à mener un coup d’État s’il estimait que cela aiderait à résoudre les problèmes du pays.