Le drapeau palestinien a été hissé mercredi 30 septembre pour la première fois au fronton de l'ONU, un événement symbolique qui n'a pu occulter l'impasse dans laquelle se trouve la crise israélo-palestinienne. Mahmoud Abbas a sonné l'alarme.
La Palestine n’est pas une priorité à l’Assemblée générale de l’ONU. Les débats à New York se sont concentrés sur la Syrie et la lutte contre l’organisation de l'État islamique (EI). Mais le président de l’autorité palestinienne a su remobiliser la communauté internationale, mercredi soir, par une simple petite phrase : "Nous déclarons que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords [accords d’Oslo]", a-t-il lancé.
Réelle menace ou effet d’annonce ? Souvent agitée par les responsables palestiniens, la rupture des accords d’Oslo impliquerait de facto la dissolution de l’Autorité palestinienne créée en 1994 pour pouvoir les appliquer. Selon les Conventions de Genève, Israël devrait alors prendre totalement en charge les affaires civiles de la population des territoires occupés.
Si Mahmoud Abbas, 80 ans, n’a pas annoncé sa démission, il a répété ce qu’il martèle depuis des années : ces accords ne peuvent pas s’appliquer tant qu’Israël ne les respecte pas, notamment en soutenant les colonies de peuplement en Cisjordanie et en refusant de libérer les prisonniers palestiniens. "Israël doit assumer pleinement toutes ses responsabilités de puissance occupante, parce que le statu quo ne peut pas continuer", a asséné Abbas. Et d’ajouter : "Nous ne serons pas les seuls à être liés par ces accords alors qu'Israël continue de les violer".
La solution de paix à deux États, une chimère ?
Alors que ni Barack Obama ni François Hollande n’ont eu un mot pour la Palestine dans leur discours respectif, Mahmoud Abbas a appelé l’ONU "à mettre fin à l'injustice" et à la "souffrance" des Palestiniens, dressant un bilan désastreux de la situation au Proche-Orient.
Le contexte ne saurait le faire mentir : le processus de paix tourne à vide depuis l’échec d’une médiation américaine au printemps 2014, la situation humanitaire s’aggrave avec le blocus de la bande de Gaza, les territoires palestiniens sont sous haute tension et les tensions sont ravivées à Jérusalem-Est, sur l’esplanade des Mosquées, où des heurts entre Palestiniens et policiers israéliens se multiplient depuis plusieurs semaines.
Chaque jour qui passe, la solution prônée par la communauté internationale de deux États, un Israélien et un Palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, apparaît un peu plus comme une chimère. "La Palestine mérite d'être reconnue comme un État à part entière", a ajouté M. Abbas, appelant tous les pays européens "qui ne l'ont pas encore fait" à reconnaître son État.
À Jérusalem, le discours de Mahmoud Abbas a été rejeté par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui l'a qualifié de "mensonger" et a estimé qu'il incitait "à la destruction au Moyen-Orient".
Le drapeau palestinien sur l'ONU, un symbole
Consolation symbolique. Le drapeau palestinien a été hissé mercredi pour la première fois au fronton de l'ONU. Quelques applaudissements et youyous ont éclaté lorsque le drapeau rouge, noir, blanc et vert a flotté sur son mât. Il sera ensuite installé aux côtés des 193 bannières des États membres de l'ONU et de celle du Vatican qui, comme la Palestine, a un statut d'État non membre.
"Aujourd'hui est un jour de fierté pour le peuple palestinien", a solennellement déclaré Mahmoud Abbas, peu avant le lever des couleurs dans la roseraie de l'ONU, lors d'une cérémonie sans ferveur à laquelle ont assisté quelques centaines de personnes, en majorité des journalistes.
Cette sobriété reflétait le pessimisme entourant le conflit israélo-palestinien, et l'absence d'horizon pour la création d'un État palestinien indépendant au côté d'Israël. "Les symboles sont importants. Ils peuvent mener à l'action", a cependant estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tout en ajoutant : "nous ne pouvons en aucun cas nous imaginer que cette cérémonie marque la fin du parcours".
Avec AFP et Reuters