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Le gouvernement du Burkina Faso tente d'obtenir la reddition du général Diendéré

Après avoir pris le contrôle de la caserne où s’étaient retranchés les ex-putschistes, le gouvernement de transition burkinabè tente d'obtenir la reddition du général Gilbert Diendéré, l'auteur principal du coup d'État manqué.

L'armée loyaliste a repris, mercredi 30 septembre, le contrôle de la situation dans la capitale du Burkina Faso, au lendemain de son assaut éclair contre la caserne des ex-putschistes de la garde présidentielle, une attaque à l'arme lourde dont on ignorait toujours le bilan.

De nombreux soldats étaient positionnés à presque tous les coins de rue du quartier Ouaga 2000, qui abrite la caserne du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité d'élite de l'armée burkinabè, ancienne garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, qui avait mené le coup d'État du 17 septembre, mis en échec au bout d'une semaine.

Selon Reuters, le chef du RSP et auteur principal du putsch, le général Gilbert Diendéré, a trouvé refuge dans un bâtiment du Vatican sis à Ouagadougou, la capitale, après avoir fui la caserne du RSP dans laquelle il se retranchait avec ses hommes. Des négociations étaient en cours pour qu'il soit remis aux autorités, a indiqué un communiqué du gouvernement.

Le président par intérim Michel Kafando s'est quant à lui rendu dans les locaux militaires du RSP et a félicité les soldats qui l'occupaient désormais. La reprise de ce bâtiment s'est effectuée sans victime, a précisé Michel Kafando.

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Le gouvernement a ajouté que l'armée loyaliste continuait, mercredi, de passer "au peigne fin le camp Naba Koom en vue de dresser un bilan exhaustif des opérations militaires", et réitéré son "appel à la tolérance et au bon accueil de nos frères de l'ex-RSP".

"Je n'ai pas vu de morts"

Mardi soir, l'armée régulière, déterminée à en finir avec les irréductibles du RSP qui rechignaient à rendre leur armes, avait mené un assaut éclair à l'arme lourde contre la caserne Naaba Koom. Le général Diendéré, ancien bras droit de Blaise Compaoré, avait alors affirmé craindre un bilan élevé, mentionnant la présence dans le camp, en temps normal, des familles de militaires et d'une clinique. Il avait alors affirmé à l'AFP être en "lieu sûr" et assuré qu'il se "mettrait à la disposition de la justice de son pays".

Le chef d'état-major de l'armée burkinabè, Pingrenoma Zagré, avait de son côté minimisé la portée de l'assaut en expliquant que le camp était alors en grande partie déserté. Mercredi matin, des tireurs allongés étaient positionnés, l'arme pointée vers des terrains vagues où des soldats du RSP auraient pu trouver refuge après avoir fui leur camp au moment de l'assaut.

"On fait encore des fouilles, peut-être que certains sont encore cachés", a expliqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un officier qui s'est rendu dans le camp mercredi matin. "Je n'ai pas vu de morts", a-t-il ajouté.

"Nous voulons des élections"

L'opération de ratissage et de sécurisation du quartier Ouaga 2000, dans le sud de la capitale, était menée alors même qu'une circulation très intense de centaines de petites motos, le moyen de locomotion le plus populaire à Ouagadougou, avait repris sur l'axe principal menant au centre-ville.

Sur le bord de la route, les travailleurs prenaient leur petit-déjeuner dans des gargotes, signe d'une normalité en partie retrouvée dans la capitale. "Maintenant, nous voulons des élections et il faut juger Diendéré", a ainsi déclaré à l'AFP l'un d'entre eux, Momouné Sigué, conducteur de triporteur.

La société civile, qui avait rejeté une première médiation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) comprenant une amnistie des putschistes, n'a cessé de rappeler que le putsch avait fait une dizaine de morts et une centaine de blessés et que ses principaux responsables devaient être traduits en justice.

Le régime de transition a d'ailleurs procédé à l'arrestation mardi, "en lien avec le putsch", de Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, dont la candidature à l'élection présidentielle initialement prévue le 11 octobre avait été rejetée par le Conseil constitutionnel. Le régime de transition doit à présent mener à bien sa principale mission : l'organisation des élections générales.

Ces élections sont censées tourner la page de la transition ouverte il y a un an à la suite du soulèvement populaire qui a chassé du pouvoir le président Compaoré, après 27 ans à la tête de ce pays dont l'histoire est jalonnée de coups d'État militaires depuis son indépendance en 1960.

Avec AFP et Reuters