![La BBC projette d’ouvrir un service en coréen pour être entendu jusqu'à Pyongyang La BBC projette d’ouvrir un service en coréen pour être entendu jusqu'à Pyongyang](/data/posts/2022/07/20/1658326694_La-BBC-projette-d-ouvrir-un-service-en-coreen-pour-etre-entendu-jusqu-a-Pyongyang.jpg)
La chaîne publique britannique BBC a dévoilé, lundi, un projet d’émission en coréen pour tenter d’être entendu par les habitants de Corée du Nord. Un projet difficile à mettre en œuvre.
Kim Jung-un pourra-t-il bientôt écouter la BBC dans la langue de Baek Sok (célèbre poète nord-coréen) ? La chaîne publique britannique a dévoilé, lundi 7 septembre, son projet de création d’un service d’information en coréen à destination du "Royaume ermite".
Il s’agirait, d'après la chaîne, d’une émission quotidienne qui servirait à soutenir la liberté d’expression et offrir une alternative aux sources d’informations locales très contrôlées par les autorités. Le projet nord-coréen s’inscrit, à cet égard, dans une stratégie plus globale de développement de la présence de la BBC dans des pays et des régions où l’indépendance des médias a été critiquée, comme en Russie ou au Moyen-Orient.
Prison et brouillage
La Corée du Nord est pourtant un cas à part. D’après l’ONG Reporter sans frontière, le pays se classe à la 179e place sur 180 (juste devant l’Érythrée) en matière de liberté de la presse. L’écoute de radios "illégales" (qui ne dépendent pas de Pyongyang) y est passible d’une peine de prison, rappelle l’ONG European Alliance for Human Rights in North Korea (EAHRNK) dans un rapport de 2013 établi au sujet d'une éventuelle initiative de la BBC en Corée du Nord.
Le régime a également mis en place un système de brouillage des courtes fréquences pour empêcher la réception des radios sud-coréennes. Mais dans les faits, cette forme de censure n’est pratiquée que "lors des grandes occasions car elle coûte cher à maintenir", souligne une étude de 2010 sur le paysage médiatique en Corée du Nord effectuée par le cabinet américain d’études Intermedia. Ce même document note que la chasse aux auditeurs de radios illégales est de moins en moins systématique.
Il y a donc un contexte qui pourrait justifier le lancement d’un service de la BBC pour les Nord-Coréens. D’autres y ont, d’ailleurs, déjà pensé. Les radios américaines Voice of America et Radio Free Asia essaient déjà, depuis la Corée du Sud, d’atteindre les oreilles au nord du 38e parallèle. Mais, les États-Unis sont clairement identifiés comme étant l’ennemi par excellence et sont donc sont jugés peu crédibles par les Nord-Coréens, souligne l’EAHRNK.
Raisons diplomatiques
Une radio britannique serait-elle plus à même de briser le mur de la propagande de Pyongyang ? Londres n’est pas mis dans le même sac que Washington par les autorités nord-coréennes, rappelle la chaîne américaine Bloomberg, qui souligne que la diplomatie britannique est moins agressive que celle de la Maison Blanche.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le projet de la BBC ne verra probablement jamais le jour, d’après Aidan Foster-Carter, un spécialiste de la péninsule coréenne à l’Université de Leeds. Il assure que les autorités britanniques ne voudront jamais financer un projet susceptible d’être perçu comme un acte hostile par le régime de Kim Jung-un.
"Officiellement, Londres dirait que c’est trop cher [un service coréen de la BBC coûterait environ un million d’euros par an, NDLR], mais c’est surtout pour ne pas mettre en péril les fragiles relations diplomatiques entre les deux pays", confirme à Bloomberg Michael Glendinning, le directeur de l’EAHRNK.
Pour cet expert, l’initiative de la BBC est avant tout politique. La chaîne publique veut prouver qu’elle a un rôle à jouer en proposant des projets que les radios privés britanniques ne porteraient pas..