
La police thaïlandaise recherche un étranger "appartenant à un réseau" après l'attentat à la bombe qui a causé la mort de 20 personnes lundi à Bangkok. Un portrait-robot du principal suspect a été diffusé.
L'homme soupçonné d'avoir déposé la bombe qui a tué au moins 20 personnes au sanctuaire hindouiste d'Erawan en plein cœur de Bangkok, lundi 17 août, fait partie d'un "réseau", d'après la police thaïlandaise.
"Le malfaiteur ne peut pas avoir agi seul... nous pensons qu'il y a des gens qui l'aident, des Thaïlandais", a déclaré à la presse le chef de la police, Somyot Poompanmoung, au lendemain de la diffusion d'images de vidéo-surveillance, montrant un homme en train de déposer un sac à dos devant le sanctuaire quelques minutes avant l'explosion. Pour l’heure, l’attentat n’a toujours pas été revendiqué et l'identité du principal suspect demeure inconnue.
Un tribunal thaïlandais a émis un mandat d'arrêt contre un étranger non identifié peu de temps après la diffusion par la police d'un portrait-robot du principal suspect. D'après le mandat, émis par l'une des cours pénales Bangkok, cet "étranger non identifié" est soupçonné de "meurtre avec préméditation" et de complot entre autres charges.
Une récompense de 25 400 euros
L'homme, plutôt jeune, a une chevelure brune très fournie et porte des lunettes. Les autorités ont annoncé qu'elles offraient une récompense d'un million de bahts (25 400 euros) pour toute information menant à son arrestation. Sur les images de vidéo-surveillance, le jeune homme, vêtu d'un T-shirt jaune et d'un short foncé, vient s'asseoir devant les grilles du sanctuaire avant de glisser calmement sous un banc son sac à dos. Il quitte ensuite les lieux, un sac plastique bleu à la main et semble consulter un téléphone portable.
Les forces de sécurité thaïlandaises recherchent deux autres personnes considérées comme des suspects aperçus, comme le premier, sur les images des caméras de vidéosurveillance qui se trouvent dans le sanctuaire d'Erawan.
Selon le porte-parole de la police, Prawut Thawornsiri, l'un d'entre eux porterait un t-shirt rouge, l'autre un blanc.
L'attaque, sans précédent dans la capitale thaïlandaise, s'est produite à une heure de pointe devant le sanctuaire Erawan et a fait au moins 20 morts et plus de 120 blessés. Onze étrangers figurent parmi les victimes : des Chinois, des Singapouriens, un Indonésien, une Britannique résidant à Hong Kong et plusieurs membres d'une même famille malaisienne dont une enfant de 4 ans. Parmi les blessés, 68 seraient toujours hospitalisés dont 12 dans un état critique.
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Mercredi matin, le sanctuaire a rouvert ses portes. Une dizaine de moines bouddhistes étaient venus prier à l'ouverture, entourés par des fidèles - y compris des touristes - à genoux face à la statue du dieu hindou Brahma.
Le lieu a été restauré et seules les balustrades en fer tordues témoignent de la tragédie. Les éclats de verre, les morceaux de béton arrachés et les traces de sang ont été soigneusement nettoyés et le cratère formé par la bombe rebouché.
"Regagner la confiance" des touristes
Si aucun groupe n'a pour l'instant revendiqué l'attentat, les autorités semblent avoir exclu la possibilité qu'il s'agisse d'une action des insurgés musulmans du sud du pays. Cette région limitrophe de la Malaisie, en proie à un conflit qui a fait plus de 6 400 morts depuis 2004, est fréquemment touchée par des attentats mais jamais de cette ampleur. Et malgré les années de conflit, aucune attaque n'a jamais été confirmée hors de la région.
Dans ce contexte, la junte au pouvoir a décidé de renforcer la sécurité dans les zones touristiques, notamment dans les lieux qui attirent de nombreux visiteurs chinois "pour regagner leur confiance", a indiqué le porte-parole de la junte, Winthai Suvaree.
Dans la ville, la tension était palpable. "J'ai toujours vécu ici mais maintenant j'ai peur parce qu'ils peuvent frapper n'importe où", confie Sommai Gazem, qui tient un petit stand et cuisine des plats thaïlandais dans la rue, dans un quartier périphérique de Bangkok. "J'ai dit à mes enfants de rentrer tôt à la maison et de ne pas aller se promener comme avant."
Avec AFP