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Le pape François appelle à ne pas exclure les divorcés remariés

Les divorcés remariés ne doivent pas être traités comme des excommuniés, a rappelé le pape François mercredi. Un sujet qui divise l'Église catholique et qui devrait être central lors du synode sur la famille en octobre.

Les divorcés remariés "font toujours partie de l'Église" et ne doivent pas être traités comme des excommuniés, a rappelé mercredi 5 août le pape François. Cette question a suscité des débats très vifs lors du premier synode sur la famille organisé en octobre 2014, et devrait également être au cœur du second, prévu en octobre prochain.

"En effet, ces personnes ne sont pas excommuniées - elles ne sont pas excommuniées ! - et ne doivent absolument pas être traitées comme telles. Elles font toujours partie de l'Église", a-t-il martelé lors de son audience hebdomadaire dans la vaste salle Paul VI, provoquant des applaudissement nourris.

Pour l'Église, un mariage religieux ne peut être dissous. Aussi, le droit canon, considérant les personnes remariées civilement comme infidèles à leur premier conjoint, les exclut des sacrements, dont la communion. Mais pour François il ne doit pas y avoir de "portes fermées ! Tous peuvent participer d'une manière ou d'une autre à la vie de l'Église", a martelé le pontife argentin en évoquant la prière, la liturgie, l'éducation religieuse des enfants, le service des pauvres, l'engagement pour la justice... mais pas les sacrements.

La séparation parfois "moralement nécessaire"

L'excommunication est cependant une sanction plus forte, puisqu'elle implique aussi une exclusion de la communauté. Sans remettre en cause ce dogme, le pape a estimé "qu'un accueil fraternel et attentif dans l'amour et la vérité est nécessaire envers les baptisés qui ont établi une nouvelle relation après l'échec d'un mariage sacramentel". De plus, "il est nécessaire, par amour de la vérité, de bien discerner les situations, faisant par exemple la différence entre qui a subi la séparation et qui l'a provoquée", a insisté le pape.

Ce n'est pas la première fois que François prend la défense des divorcés remariés. Dernière en date, lors d'une audience du mercredi, fin juin, Jorge Bergoglio avait déjà fait preuve de pragmatisme en allant jusqu'à reconaître qu'une séparation était parfois inévitable. "Elle peut même être moralement nécessaire, quand il s'agit de soustraire l'époux plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures plus graves causées par l'intimidation et la violence, l'humiliation et l'exploitation, mais aussi l'indifférence", avait-il expliqué.

Un "miracle" en octobre ?

La question de la place des divorcés remariés divise profondément l'Église, entre des conservateurs, en particulier des pays du Sud, braqués contre tout changement, et une ligne plus moderne, désireuse de réelles ouvertures.

Le document de travail du second synode sur la famille prévu en octobre, rendu public fin juin, semble ainsi évoquer la possibilité d'un "chemin de pénitence" ouvrant la voie à un retour à la communion pour des divorcés remariés, mais avec des conditions draconiennes qui pourraient aller jusqu'à l'obligation de faire chambre à part.

Un consensus plus large existe aussi en vue d'une simplification des procédures de nullité matrimoniale, visant à montrer qu'en raison d'un vice de fond ou de forme, le mariage n'était pas valide et n'avait donc techniquement jamais eu lieu.

Lors d'une messe pendant son voyage en Amérique latine en juillet, le pape a appelé à prier pour "un miracle", afin de "trouver des solutions et des aides concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter aujourd'hui".

Avec AFP