
"Prendre de l'argent public et le filer à un membre de sa famille, c'est normal ?" : depuis le 1er mai, plusieurs comptes sur X et Facebook dénoncent le supposé achat par Emmanuel et Brigitte Macron d'un tableau réalisé par Laurence Auzière-Jourdan, l’une des filles de la Première dame. Tous accusent le couple présidentiel d'avoir acheté aux frais de l'Élysée la toile à 560 000 euros, voire 570 000 euros.
Une vente réalisée alors que Laurence Auzière-Jourdan se serait cachée sous son nom d'artiste, Laurence Graffensttaden, comme l'assure un certain Pierre Champigny dans un post publié sur X le 1er mai et vu plus de 400 000 fois.
"C'est un véritable scandale", a pour sa part dénoncé sur X la journaliste covido-sceptique et ancienne chroniqueuse de l'émission “Touche Pas à mon Poste” Myriam Palomba.
Plusieurs comptes partagent également la photo de l’œuvre en question - un tableau tacheté de différentes nuances de bleu sur fond blanc. Sauf qu'aucun élément ne vient accréditer l'achat par l'Élysée de cette œuvre, et surtout pas à un prix si élevé.
Un tableau toujours "disponible" au prix de 8500 euros
Laurence Auzière-Jourdan, cardiologue de profession, pratique bien une activité artistique sous le nom de Laurence Graffensttaden. Une information publique, Laurence Auzière-Jourdan se présentant en effet sous ces deux noms sur son compte Instagram.
C'est par ailleurs sur ce compte que la fille de Brigitte Macron, qui expose ses toiles dans la galerie parisienne A2Z depuis le 29 avril, a publié la photo de son tableau le 30 avril, devenue virale ces derniers jours.

Interrogé par la rédaction des Observateurs, le directeur de la galerie Anthony Phuong a toutefois indiqué, le 2 mai, que l'œuvre n'avait pas été vendue à ce jour et était toujours "disponible" à la vente. Il a également assuré que le prix de vente du tableau en question, intitulé "La nature du vide - Hommage à Yves Klein" était de 8500 euros. Un prix bien inférieur à celui mis en avant par certains internautes.
C’est également le prix indiqué dans le dossier adressé aux collectionneurs et consulté par notre rédaction : on peut ainsi lire que la quinzaine d'œuvres exposées dans l'exposition - des œuvres de Laurence Auzière-Jourdan et de l'artiste contemporain Danhôo - valent toutes 8500 euros.

Contacté par notre rédaction, l'Élysée a également démenti, indiquant qu'il s'agissait d'une "rumeur totalement fausse".
Une visite du couple Macron le 29 avril, mais aucune œuvre achetée
L'intox a commencé à circuler à la suite de la visite du couple présidentiel au vernissage de l'exposition de Laurence Auzière-Jourdan et de Danhôo, qui s'est tenu le 29 avril. Mais la visite, couverte par le média Gala, n'a donné lieu à aucun achat de la part du couple Macron, ni en leur nom, ni au nom de l'Élysée. "Le couple Macron n'a acheté aucune toile le 29 avril", assure Anthony Phuong.
Le galeriste précise que sa galerie, qui avait déjà exposé les deux artistes à l'automne 2024, avait en revanche offert une toile à Brigitte Macron à l’époque. "D'un accord commun entre moi, Danhôo et Laurence, on a offert un tableau à Brigitte, un tableau noir" réalisé par les deux artistes et visible sur la photo ci-dessous.

Le 2 mai, au lendemain de son post sur X, le compte de Pierre Champigny a reconnu des "inexactitudes" concernant le prix de l'œuvre. Mais bien que la toile soit encore disponible à la vente, l'internaute a continué de laisser planer le doute sur un supposé "acquéreur réel" de l'œuvre d'art, qui serait à ses yeux soit "l’Élysée soit le "couple Macronescu" - une référence au couple formé par le dictateur roumain Nicolae Ceausescu et sa femme Elena.
Comme d'autres internautes, ce dernier faisait également référence dans son post initial au fait que l'œuvre avait été "créée à partir de cellules humaines en détournant une technologie médicale".
Ces cellules humaines sont en réalité issues de prélèvements salivaires réalisés par l'artiste.
Laurence Auzière-Jourdan cherche en effet à effectuer des "portraits cellulaires, utilisant la technologie médicale pour révéler la beauté des cellules humaines à travers la couleur et la forme". Anthony Phuong précise que les œuvres ont été réalisées à partir d'une "machine qui permet d'identifier une personne au travers de la salive".