
François Bayrou lors de la présentation de ses grandes orientations sur le budget 2026, à Paris, le 15 juillet 2025. © Thomas Samson, AFP
C'était un rendez-vous politique attendu depuis des semaines. Durant plus d'une heure et quart, François Bayrou a dévoilé, mardi 15 juillet, ses grandes orientations pour le budget 2026. Quelque 43,8 milliards d'euros d'économies à réaliser pour l'année prochaine. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, le Premier ministre a eu recours pendant plusieurs minutes à un vocabulaire catastrophiste décrivant à quel point l'heure serait grave.
"C'est la dernière station avant la falaise", "un moment critique de notre histoire", "chaque seconde, notre dette augmente de 5 000 euros" : voilà, entre autres expressions, "le moment de vérité" dont François Bayrou a fait le récit – tandis que ce slogan était écrit au-dessus de lui en lettres capitales, comme pour souligner la gravité du moment. Heureusement, le Premier ministre semblait avoir les solutions clés en main pour faire face à cette situation. "Il est tard mais il est encore temps", a-t-il précisé, avant d'ajouter : "Il faut agir vite et fort, avec justesse et avec justice."
Surtout, le gouvernement "veut changer les choses", "qu'importe le risque" de censure, a martelé François Bayrou. Les débats du Parlement à l'automne prochain – et les éventuelles motions de censure qui pourraient les accompagner – en diront plus sur le sort réservé au Premier ministre et à son équipe actuellement aux manettes.
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La suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai ciblés
Le Premier ministre a proposé mardi la suppression de "deux jours fériés", citant "comme exemple" le "lundi de Pâques" et "le 8-Mai" tout en se disant "prêt à en accepter ou en examiner d'autres".
"Le lundi de Pâques n'a aucune signification religieuse", a rappelé le chef du gouvernement, alors que cette date est fériée dans plus d'une centaine de pays dans le monde.
Le 8-Mai, considéré comme l'anniversaire de la victoire des Alliés en 1945, est devenu une journée de commémoration dès 1946, puis a été férié à partir de 1953 jusqu'en 1959. Le président François Mitterrand l'avait rétabli férié en 1981.
François Bayrou a estimé que le "mois de mai (était) devenu un véritable gruyère, où l'on saute de ponts en viaducs de congés". "Ce sont des propositions, je suis prêt à en accepter ou en examiner d'autres", a-t-il ajouté.
La suppression de deux jours fériés "n'est pas du tout la même chose" qu'"une journée de solidarité dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises", a en outre insisté le chef du gouvernement, disant vouloir "combattre" le "désenchantement face au travail".
"Aucun député RN n'acceptera" cette proposition, a fait savoir sur X le patron du parti d'extrême droite, Jordan Bardella. Alors que le Premier ministre s'exprimait encore, il a critiqué une "provocation" et "une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail".
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Les dépenses de l'État gelées et une "année blanche"
Depuis des mois, François Bayrou – qui a fait de la lutte contre les déficits et la dette son ADN politique – a multiplié les images esquissant un sombre tableau des finances publiques pour, dit-il, alerter les Français.
"Le surendettement", qui oblige le pays à "emprunter tous les mois pour payer les retraites ou payer les salaires des fonctionnaires", "est une malédiction qui n'a pas d'issue", a-t-il martelé mardi. Dans ce contexte, et malgré un paysage politique fracturé qui présage d'une mission quasi impossible pour faire adopter au Parlement les budgets pour 2026, François Bayrou a présenté "un plan pour dire stop à la dette et un plan pour dire en avant la production".
Pour le premier, l'objectif est de ramener le déficit à 4,6 % du PIB l'an prochain, contre 5,8 % en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable, entre tensions commerciales et militaires, ce qui a conduit le chef de l'État à demander dimanche un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros en 2026 pour la défense.
Résultat : l'effort à réaliser atteindra l'an prochain 43,8 milliards d'euros au lieu des 40 initialement évoqués, a annoncé le chef du gouvernement.
"L'État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l'euro près en 2026 qu'en 2025, à l'exception de l'augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le budget des armées", a-t-il énoncé. Il a aussi mis en place "une règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite (...) pour les années qui viennent".
De la même manière, il a décidé d'une "année blanche" pour les prestations sociales, y compris les pensions de retraite, qui seront aussi gelées et ne seront pas revalorisées au niveau de l'inflation. Les retraités verront aussi supprimée leur exemption fiscale pour frais professionnels. Même gel au niveau de cette année pour les barèmes de l'impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée – ce qui reviendra à augmenter ces prélèvements.
Avec AFP