
Fort de la récente victoire électorale des conservateurs aux législatives, le ministre des Finances britannique, George Osborne, a présenté mercredi un projet de budget destiné à faire des économies en réduisant notamment les dépenses sociales.
Le gouvernement Cameron a présenté mercredi 8 juillet le premier budget 100 % conservateur du Royaume-Uni en près de 20 ans, expliquant dans le détail comment il comptait économiser 12 milliards de livres sur les prestations sociales.
"De nouvelles décisions difficiles sont nécessaires", a expliqué au Parlement le chancelier de l'Échiquier (ministre des Finances), George Osborne. "Si un pays ne prend pas le contrôle de sa dette, c'est la dette qui prend le contrôle du pays", a souligné le ministre, dans une allusion aux problèmes de la Grèce.
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Il a ainsi confirmé un total de 37 milliards de livres (52 milliards d'euros) d'économies sur cinq ans, dont 12 milliards en coupant dans les dépenses sociales et cinq milliards provenant de la lutte contre l'évasion fiscale. Le reste doit essentiellement être lié au fonctionnement de l'État et sera précisé à l'automne.
Le gouvernement était surtout attendu sur le détail de son plan d'économies concernant les prestations sociales, qu'il juge "insoutenables" à leur niveau actuel. George Osborne a ainsi annoncé un plafonnement des diverses allocations à un maximum annuel de 23 000 livres (32 000 euros) par ménage vivant à Londres, contre 26 000 livres aujourd'hui. Cette somme sera ramenée à 20 000 livres en dehors de la capitale.
Les prestations familiales sous forme de crédits d'impôts cesseront aussi à partir du troisième enfant et les aides au logement seront limitées pour les plus jeunes et les plus aisés.
Un budget politique
Ce budget rectificatif aux accents très politiques intervient après un premier budget présenté en mars, puisque entre-temps, le gouvernement a été conforté par le résultat inespéré des législatives du 7 mai.
Contrairement au premier mandat (2010-2015) de David Cameron, au cours duquel le Premier ministre avait dû faire des concessions à ses partenaires gouvernementaux libéraux-démocrates, les conservateurs ont aujourd'hui les coudées franches pour dérouler leur politique.
"Ce sera un budget pour les gens qui travaillent", a répété George Osborne, qui veut des salaires plus élevés mais moins d'impôts et moins d'aides sociales. Il a ainsi confirmé le relèvement de certains seuils d'imposition sur le revenu.
Ces annonces interviennent dans un climat économique plutôt favorable, même si les prévisions officielles de croissance pour cette année ont été légèrement revues à la baisse à 2,4 % contre 2,5 % en mars.
Pour encourager l'activité des entreprises, George Osborne a annoncé une baisse de l'impôt sur les sociétés de 20 % à 18 % d'ici à 2020. La taxe actuelle pesant sur le bilan des banques - qui avait conduit le géant HSBC à menacer de déménager - sera abaissée. Mais une nouvelle taxe sur leurs bénéfices sera introduite.
"Belle arnaque"
Malgré un budget clairement conservateur, George Osborne a aussi fait des annonces susceptibles de plaire dans l'électorat travailliste. Il a ainsi très fortement limité la portée du statut fiscal "non-dom", reprenant à son compte une idée des travaillistes. Cette règle vieille de 200 ans permet à certains résidents britanniques de conserver une domiciliation fiscale à l'étranger et ainsi de ne pas payer d'impôts sur les revenus obtenus en dehors du Royaume-Uni.
Le gouvernement a en outre annoncé une refonte du salaire minimal obligatoire, qui passera de 6,50 livres (9 euros) par heure aujourd'hui à 9 livres (12,5 euros) d'ici à 2020 pour les plus de 25 ans. "C'est parce que nous avons pris ces mesures difficiles... que la Grande-Bretagne peut se permettre une hausse de salaires", a fait valoir George Osborne.
Les syndicats ont salué cette dernière annonce mais dénoncé "une belle arnaque". "D'un côté, il offre un nouveau salaire minimum, ce qui est bienvenu... Mais, de l'autre, il prend de l'argent aux familles qui travaillent sans aucune garantie qu'elles y gagneront à la fin", a dénoncé Paul Kenny, patron du syndicat GMB.
Avec AFP