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La plupart des grandes enseignes américaines ont décidé de ne plus vendre de drapeaux des États confédérés, un symbole associé au tireur de la tuerie de Charleston.

Le drapeau confédéré devient un symbole non-grata aux États-Unis depuis la tuerie raciste de Charleston, survenue il y a près de 10 jours. Après le gouverneur de l’Alabama (dans le sud des États-Unis), qui a fini par céder à la pression populaire pour retirer ce drapeau du capitole de son État, c’est au tour du monde économique de boycotter cet emblème du sud esclavagiste et raciste d’avant la guerre civile de 1860.

Une réaction au blog de Dylan Roof, le tueur présumé de Charleston, qui était illustré de nombreuses images du drapeau confédéré. La décision de certaines entreprises de ne vendre plus aucun produit portant ce symbole s’est parfois faite de manière désordonnée. C’est le cas d’Apple. La marque à la pomme a, dans un premier temps, sorti l’artillerie lourde. Un large éventail d’applications et de jeux ont été bannis de l’App Store, jeudi 25 avril, (le magasin en ligne pour iPhone et iPad) car ils "contenaient des images du drapeau confédéré utilisées de manière offensante".

Apple vs des jeux sur la guerre civile américaine

Une définition appliquée par Apple dans un sens très large. Parfois trop large. Plusieurs jeux se déroulant durant la guerre civile américaine - tels qu’Ultimate General : Gettysburg et la série des Civil War - ont ainsi été retirés. Pourtant "nous avons intégré le drapeau confédéré car c’est historiquement celui qui était utilisé à l’époque", souligne le créateur de l’un de ces jeux, au site Toucharcade. Un autre assure "avoir reçu un grand nombre de lettres de remerciement d’enseignants américains qui utilisent notre jeu pour illustrer de la manière la plus réaliste possible" cette période de l’histoire américaine.

Ces développeurs de jeux vidéo ont été d’autant plus surpris qu’Apple avait bien indiqué que l’"utilisation à des fins historiques ou pédagogiques" du drapeau n’allait pas être sanctionnée. Des livres d’histoire de la guerre civile - vendus dans la section iBooks - ont survécu à ce grand nettoyage. La marque à la pomme a finalement décidé de réajuster le tir, jeudi 25 juin dans la soirée. Elle va permettre le retour de certaines applications comme les jeux se déroulant pendant la guerre civile américaine.

D’autres groupes continuent à interdire toute référence à ce symbole. Ainsi, il est impossible de trouver sur la page "shopping" de Google (aux États-Unis) le moindre article ayant un rapport avec le drapeau confédéré. Pourtant, l’offre existe : la même recherche depuis le site en français permet de trouver plusieurs dizaines de pages proposant des T-shirt, des coques pour smartphone, des porte-clefs ou encore des boucles de ceinture décorés du symbole sudiste controversé.

Petits commerçants

À l’instar de Google, Amazon a aussi fait un grand ménage. Du jour au lendemain, le géant du commerce en ligne a retiré de la vente, mercredi 24 juin, plus de 29 000 articles - bikinis, rideaux de douche et bijoux de piercing - susceptibles de choquer les consommateurs, souligne le "New York Times". Le site d’enchères en ligne, eBay, a même publié un communiqué pour expliquer que "la vente de ces produits est désormais interdite [sur le site] car le drapeau confédéré est devenu le symbole contemporain du racisme et de la division".

Il n’y a pas que les plateformes en ligne qui se sont débarrassées de cet encombrant symbole. La chaîne de supermarché Walmart avait déjà réagi lundi 22 juin, faisant disparaître toute référence au drapeau de ses étals. Un autre géant américain de la grande distribution, Target, a passé en revue tout son inventaire pour trouver un seul exemple de produit controversé, un costume de soldat sudiste, qui a été "rapidement retiré de la vente".

Mais cette purge concerne surtout les grandes enseignes : elles veulent ainsi éviter les controverses, mauvaises pour les affaires, comme le rappelle le "New York Times". La situation est différente pour les petits magasins comme les boutiques de souvenirs ou les marchands de drapeaux. L’"Alabama Local", un site sur l’actualité de cet État du sud des États-Unis, cite ainsi une commerçante qui reconnaît avoir constaté "une recrudescence des ventes de drapeaux confédérés" depuis le début de la semaine. La "Dixie Flag [surnom du drapeau confédéré, NDLR] company" de San Antonio a, également, noté un regain d’intérêt. Son président, Pete Van de Putte, a affirmé au "New York Times" qu’il vendait désormais 24 drapeaux par jour alors que sa société ne recevait auparavant qu’environ trois commandes par semaine.