À cinq jours d'un défaut de paiement de la Grèce, les négociations piétinent. Jeudi, Athènes et ses créanciers n'ont pas trouvé de terrain d'entente. L'Eurogroupe s'est également réuni sans parvenir à un accord.
Les négociations sur la dette grecque piétinent. Alors que l'échéance approche, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et le président de la BCE Marifinanceo Draghi n'ont pas trouvé de terrain d'entente lors d'une réunion à Bruxelles et ont donc présenté des documents séparés aux ministres des Finances de la zone euro. Cette réunion de l'Eurogroupe s'est elle aussi terminée sans accord, jeudi en fin d'après-midi.
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré que la porte restait ouverte pour que la Grèce accepte les propositions des créanciers. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe est prévue samedi matin, a indiqué à Reuters un responsable de la zone euro.
À l'issue de la réunion entre la Grèce et ses créanciers, le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le président français François Hollande ont assuré qu'un accord était proche. Mais l'humeur générale n'était pas à l'optimisme. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a ainsi estimé que la Grèce et ses créanciers étaient "encore plus éloignés" qu'avant, au lieu de s'être rapprochés."Les Grecs ont plutôt fait des pas en arrière" dans les dernières négociations, "il y a plutôt un plus grand éloignement qu'un rapprochement", a déploré le ministre à son arrivée à la réunion de l'Eurogroupe.
Une source du gouvernement grec à Athènes a également parlé de son côté d'une "grande distance" entre les deux camps, à cinq jours de la date-butoir d'un remboursement au Fonds monétaire international (FMI) qui alimente les craintes de défaut de paiement du pays.
Le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance.
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Deux propositions concurrentes
À son arrivée à Bruxelles, le ministre des Finances autrichien Hans-Jörg Schelling a fait état d'une "nouvelle proposition" examinée par les membres de l'Eurogroupe.
Mais en fait ce sont deux propositions distinctes qui seront soumises aux grands argentiers réunis pour la quatrième fois en moins d'une semaine. D'un côté "une trame d'accord" mise sur la table par les institutions, qui inclut des éléments de l'offre grecque, selon une source proche des négociations, et qui "va aussi loin que possible", selon une autre source. De l'autre, une proposition grecque concurrente.
"La partie grecque reste stable sur ses propositions et va les soumettre lors de l'Eurogroupe", a indiqué une source grecque à Bruxelles, tandis qu'à Athènes on estimait avoir "fait preuve de responsabilité" et que "le temps était venu de juger de la bonne volonté de tous".
Menace de "Grexit"
Les principaux points d'achoppement sont toujours le champ d'application de la TVA et l'épineuse question des retraites, l'âge légal de départ et les cotisations.
Alexis Tsipras, porté au pouvoir en janvier sur un message anti-austérité, est sous pression de son parti de gauche radicale Syriza pour ne pas céder aux exigences des créanciers.
Le Premier ministre grec veut depuis longtemps régler le dossier non pas dans le cénacle de l'Eurogroupe mais avec ses pairs : les chefs d'État et de gouvernement.
Ils tiennent ce jeudi également un sommet dans la capitale européenne, consacré officiellement au sort des migrants qui affluent de plus en plus nombreux en Europe, et à l'avenir du Royaume-Uni dans l'UE. Mais à cinq jours de la date-butoir du 30 juin, le dossier grec a de grandes chances d'occulter ces autres sujets cruciaux pour l'Europe.
Derrière un défaut de paiement au FMI se profile la menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro, un "Grexit", scénario catastrophe pour les responsables européens et pour beaucoup de Grecs qui veulent rester dans l'euro.
Même si certains veulent se montrer optimistes, comme François Hollande qui a assuré jeudi à la mi-journée qu'un accord était "pas loin", les points de friction paraissent encore trop nombreux. Le gouvernement grec veut aussi obtenir des allègements de sa dette colossale - attendue cette année à 180 % de son Produit intérieur brut (PIB) -, mais beaucoup d'Européens, Allemands en tête, ne veulent pas en entendre parler, du moins pas maintenant.
Avec AFP