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La grève des taxis reconduite en attendant une "décision forte" du gouvernement

Les taxis ont finalement refusé de se rendre à Matignon et décidé de "poursuivre le mouvement" national. La décision du ministre de l'Intérieur de faire interdire par le préfet de police de Paris l'activité d'UberPOP est jugée insuffisante.

L'intersyndicale des taxis a décidé "à l'unanimité", jeudi 25 juin, de boycotter une rencontre annoncée à la mi-journée par Matignon et de "poursuivre le mouvement" national contre UberPOP, a appris l'AFP de sources syndicales.

"Vu que le Premier ministre n'est pas là pour nous recevoir [Manuel Valls est en déplacement en Colombie, NDLR], l'intersyndicale a décidé à l'unanimité de ne pas y aller", a indiqué Karim Asnoun (CGT), une information confirmée par Force ouvrière (FO). Le responsable de la CGT Taxis a par ailleurs annoncé "la poursuite du mouvement" dans l'attente d'une "décision forte" du gouvernement.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait pourtant annoncé, plus tôt dans la journée, avoir demandé au préfet de police de Paris de prendre un arrêté interdisant l’activité d’UberPop, une application de transport entre particuliers non-professionnels. Le ministre a également demandé à l'ensemble des préfets de saisir les procureurs de la République pour qu'ils appliquent la "plus grande fermeté" à la répression des infractions aux règles sociales et fiscales constatées de la part de la société américaine Uber avec sa déclinaison à bas coût UberPOP.

Mais ce que les taxis réclament, c'est "la désactivation de l'application" UberPOP, qualifiée de "concurrence déloyale" par les professionnels, a précisé Karim Asnoun.

"Je n'ai jamais cru aux arrêtés préfectoraux", pris précédemment en Gironde, dans le Bas-Rhin, le Nord ou encore les Bouches-du-Rhône, a fait savoir Nordine Dahmane (FO). "Ils n'ont fait que reprendre ce qui est déjà dans la loi" Thévenoud, promulguée en octobre 2014 et combattue dans les prétoires par la société américaine Uber.

"On est obligé de passer par cette étape de la radicalité"

Opérations escargots, blocages des gares et des aéroports, voitures de transport avec chauffeur (VTC) prises pour cible : près de 3 000 taxis en colère ont dénoncé, jeudi, la "concurrence sauvage" de l'application mobile UberPOP, créant d'importantes perturbations et quelques accrochages.

Face au ras-le-bol de la profession, les syndicats revendiquent la nécessité de faire passer un message fort : "On est obligé de passer par cette étape de la radicalité", souligne Abdel Ghalfi (CFDT).

Porte Maillot, à Paris, des taxis ont ainsi pris d'assaut et incendié les vans de deux conducteurs de VTC, provoquant l'intervention des CRS et des pompiers, dans une odeur âcre de fumée, avec claquement de pétards et fracas de poubelles renversées.

Ambiance tendue aussi à l'aéroport d'Orly où des grévistes faisaient la chasse aux chauffeurs clandestins, sous le regard des forces de l'ordre. À Roissy, le blocage des accès à plusieurs terminaux était en voie d'être levé vers 14 h.

Dans la capitale, la circulation était perturbée, avec des bus déroutés et des bouchons. Les accès à la gare du Nord comme à la gare de Lyon étaient bloqués par des dizaines de voitures, dont celle d'Olivier Noblot, taxi depuis 22 ans, "prêt à revenir tous les jours s'il le faut et à bloquer Paris".

La chanteuse Courtney Love en colère contre François Hollande

Un homme soupçonné d'avoir jeté des projectiles, blessant un CRS porte Maillot, a été interpellé. À Roissy et Orly, deux chauffeurs de VTC qui ont forcé des barrages et renversé des manifestants ont été placés en garde à vue. Un chauffeur de taxi moto a aussi été placé en garde à vue après avoir utilisé une bombe lacrymogène contre un taxi à Orly.

À Lyon, des taxis bloquaient l'accès à la gare et à l'aéroport. "Pourquoi pas demain des Uber plombiers, Uber électriciens ? Et tout le monde fera n'importe quoi, la sécurité elle sera où ?", s'interroge Gérald Giraud.

Circulation également perturbée à Marseille. Pour Gilles Alonso, du syndicat Alliance Taxi 13, "quand on ne s'acquitte d'aucune charge sociale, c'est facile de faire des courses à 3 ou 4 euros...".

Ce mouvement recueille un large écho dans la classe politique, de la gauche à l'extrême droite. Seul l'ex-Premier ministre de droite François Fillon juge que "c'est la chienlit aujourd'hui, franchement".

Par ailleurs, la chanteuse américaine Courtney Love, veuve du leader de Nirvana Kurt Cobain, a créé le buzz avec ses tweets : "Notre voiture a été prise dans une embuscade (...) ils frappent notre voiture avec des barres de fer. C'est la France ? Je suis plus en sécurité à Bagdad. François Hollande, où est la putain de police ?".

Avec AFP et Reuters

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