Patrick Drahi, homme d'affaires propriétaire de Numericable-SFR, a émis une offre de 10 milliards d'euros pour acquérir Bouygues Telecom. Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, n'a pas caché sa réticence à l'égard d'un tel rachat.
L’appétit financier de l'homme d’affaires Patrick Drahi est immense. L'entrepreneur français, déjà propriétaire de Numericable-SFR, convoite désormais l’opérateur de télécommunications français Bouygues Telecom, qu’il entend racheter pour 10 milliards d’euros.
Si une telle offre était acceptée, elle chamboulerait profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée fracassante de Free Mobile.
"Des rapprochements opportunistes"
En attendant que la proposition Patrick Drahi soit validée, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron s’est montré très réservé à l’idée d’un tel rachat. "La consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable pour le secteur. L'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d'une consolidation sont à ces égards négatives, comme l'ont prouvé les cas récents en Europe", a réagi le ministre dans une déclaration à l'AFP.
"Le temps n'est pas à des rapprochements opportunistes auxquels plusieurs peuvent trouver un intérêt, qui ne retrouve pas ici l'intérêt général", a-t-il ajouté en réaction aux informations sur cette offre, dévoilée dimanche par le "Journal du dimanche".
Selon les informations du "JDD", confirmées à l'AFP par des sources proches du dossier, l'offre de rachat sera examinée "mardi", en tout cas "en début de semaine" par le conseil d'administration de Bouygues Telecom. Aucun des quatre opérateurs français n'a, pour l’heure, souhaité commenter ces informations.
Une offre sérieuse
"Il s'agit de l'offre la plus aboutie et la plus sérieuse" de ces dernières années en matière de recomposition du paysage français des télécoms, a analysé une source proche du dossier à l'AFP, avant de souligner que le conseil d'administration de Bouygues Telecom peut aussi la rejeter.
Mais si l'offre est validée, elle devra ensuite obtenir l'accord de l'Autorité de la concurrence : comme "il s'agit d'intérêts privés, seule l'Autorité de la concurrence peut donner ou pas son feu vert", a ajouté cette source, en commentaire à l'opposition exprimée par Emmanuel Macron.
"Il faut comprendre que cette opération, si elle aboutit, va solidifier l'édifice de Patrick Drahi en France, et en un sens 'dérisquer' son profil, le rendre plus solide aux yeux des créanciers", juge une source proche du dossier.
Patrick Drahi, à la tête d'un empire des médias et des télécommunications en France comprenant notamment les journaux "L'Express" et "Libération", avait réussi en mars 2014 à s'emparer de SFR à l'issue d'une longue bataille avec Bouygues Telecom, en rachetant l'opérateur à Vivendi pour 13,36 milliards d'euros.
Quant à Martin Bouygues, "il est en passe de réaliser un beau coup, il a bien fait d'attendre", estime cette source, en allusion à différentes discussions menées en 2014 par Free ou encore Orange pour le rachat de Bouygues Telecom.
Avec AFP