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Délesté de Jean-Marie Le Pen, le FN parvient à créer un groupe au Parlement européen

Marine Le Pen a annoncé mardi la création d'un nouveau groupe eurosceptique au Parlement européen qui comptera 21 eurodéputés FN, mais dont ne fera pas partie Jean-Marie Le Pen. Une nouvelle étape dans sa stratégie de dédiabolisation.

Un an après le succès électoral du Front national (FN) aux élections européennes, Marine Le Pen a enfin pu annoncer, mardi 16 juin, à Bruxelles, la création d’un groupe au Parlement européen, baptisé "Europe des Nations et des Libertés", mais dans lequel ne siégera pas le fondateur du parti d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen.

Les règles de Bruxelles imposant aux groupes politiques un minimum de 25 eurodéputés issus de 7 pays différents, il manquait encore à Marine Le Pen – alliée jusqu’ici du Parti pour la liberté (PVV) du Néerlandais Geert Wilders, du Parti de la liberté autrichien (FPÖ), de la Ligue du Nord italienne et du Vlaams Belang flamand (Belgique) – des élus de deux autres nationalités.

C’est désormais chose faite grâce à trois ralliements : celui de la Britannique Janice Atkinson, exclue du Ukip en mars après des soupçons de notes de frais trafiquées visant une de ses principales collaboratrices à Bruxelles, et ceux des Polonais Michal Marusik et Stanislaw Zoltek, qui ont, selon Marine Le Pen, "clairement rompu" avec Janusz Korwin-Mikke, le sulfureux ancien président du parti d’extrême-droite polonais KNP.

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"Marine Le Pen peut se réjouir, c’est incontestablement un élément qui remet le FN dans une dynamique positive après plusieurs semaines de controverse autour de l’exclusion de Jean-Marie Le Pen", juge le politologue de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite, contacté par France 24. "Prôner le souverainisme, s’opposer à l’immigration et prendre pour cible l’islam constituent le plus petit dénominateur commun qui réunit les membres de ce nouveau groupe ayant la volonté de défaire l’UE. Mais contrairement aux précédents groupes eurosceptiques auxquels a participé le FN, celui-ci semble plus solide."

Le groupe "Europe des Nations et des Libertés", qui sera coprésidé par Marine Le Pen et le Néerlandais du PVV Marcel de Graaff, sera constitué de 36 eurodéputés, dont 21 élus FN. Mais ni Jean-Marie Le Pen, ni Bruno Gollnisch n’en feront partie. Ces derniers n'ont pas souhaité y participer, a indiqué en conférence de presse Marine Le Pen.

"Jean-Marie Le Pen était répulsif alors que Marine Le Pen ne l’est pas"

La brouille entre le fondateur et ancien président d'honneur du FN et sa fille a en effet franchi un nouveau palier la semaine dernière, la suppression du statut de président d'honneur du parti ayant été soumise au vote des adhérents. Jean-Marie Le Pen, de son côté, a attaqué en justice sa suspension du Front national décidée le 4 mai après une série de déclarations polémiques.

La création du groupe "Europe des Nations et des Libertés" est donc finalement une conséquence indirecte de cette guerre familiale. Janice Atkinson a d’ailleurs reconnu, mardi, que "l’exclusion du FN de Jean-Marie Le Pen avait facilité les choses" pour elle.

"Par rapport à Wilders et ses amis, également, Jean-Marie Le Pen était répulsif alors que Marine Le Pen ne l’est pas, affirme Jean-Yves Camus. On constate que la stratégie de dédiabolisation du FN est incontestablement payante, y compris à l’étranger. C’est l’ensemble de ces partis qui change de logiciel et d’image, avec un focus sur l’islam et beaucoup moins de choses concernant l’antisémitisme."

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Un groupe au Parlement européen est un atout pour le Front national en vue des campagnes pour les régionales de décembre et la présidentielle de 2017. Il donne à ses députés de puissants moyens financiers évalués, de source parlementaire, à 17,5 millions d'euros pour le reste de la législature. En outre, 20 à 25 fonctionnaires devraient être mis à la disposition du groupe pour gérer son fonctionnement.

Ses membres peuvent être rapporteurs et présenter des amendements en séance plénière, mais l'obtention d'une vice-présidence du Parlement et d'une présidence de commission parlementaire est exclue, dans la mesure où ces fonctions sont réservées aux groupes qui ont été constitués avant le 24 juin 2014.

Politiquement, ce succès ne modifie toutefois pas le rapport de forces au Parlement européen, dominé par l'alliance des sociaux-démocrates et des conservateurs.

Avec AFP et Reuters