Face aux critiques de Washington, des sunnites et même du leader chiite Moqtada al-Sadr contre le nom, connoté religieusement, choisi par les forces irakiennes et les milices chiites pour leur offensive sur Ramadi, l'opération a été rebaptisée.
Finalement, l'offensive de l'armée irakienne et des milices chiites pour reprendre aux jihadistes de l'organisation de l'État islamique la province occidentale d'Anbar et son chef-lieu, Ramadi, s'appellera "Labeïk ya Irak" ("Je réponds à ton appel, ô Irak"), a rapporté la télévision irakienne mercredi 27 mai.
"Nous avons choisi 'Irak', il n'y a pas de problème", a justifié un porte-parole des milices chiites, Karim al Nouri. Il faut dire que le premier nom choisi pour cette opération qui a été lancée mardi avait fait couler beaucoup d'encre.
Mardi, Ahmed al Assadi, un porte-parole des milices chiites Hachid Chaabi (Comités de mobilisation populaire), avait annoncé que cette offensive serait principalement conduite par les miliciens et porterait le nom de "Labeïk ya Hussein".
Cette expression, très connotée religieusement, que l'on peut traduire par "Je réponds à ton appel, ô Hussein", se réfère à l'appel à l'aide lancé par l'imam Hussein, le troisième imam chiite, à la bataille de Kerbala, en 680. Hussein y trouva la mort, que les chiites commémorent chaque année par le deuil de l'Achoura.
Choix "malheureux"
Les sunnites, majoritaires dans la province d'Anbar, avaient aussitôt critiqué le choix de ce nom, tout comme le Pentagone qui l'a jugé "malheureux". Même l'influent leader chiite irakien Moqtada al-Sadr avait dénoncé ce nom, arguant qu'il risquait de raviver des tensions.
"Ce nom va être mal compris, il n'y a aucun doute", avait affirmé Moqtada al-Sadr dans un communiqué présenté comme une réponse à la question d'un étudiant en théologie. "Hussein est un symbole national et un prince du jihad mais nous ne voulons pas qu'il soit utilisé par l'autre camp pour dire qu'il s'agit d'une guerre confessionnelle", avait-il ajouté.
Deux mille membres des Comités de mobilisation populaire sont arrivés en renfort mercredi sur la base de Habbaniya, à l'est de Ramadi, en vue de participer à l'offensive. Les miliciens chiites et des membres des forces de sécurité, moins nombreux, sont à environ 6 km des faubourgs sud de Ramadi et à une dizaine de kilomètres à l'est de la ville. On ignore quand l'assaut sera lancé.
Avec AFP et Reuters