
Incarcéré depuis sa destitution en juillet 2013, l'ex-président Mohamed Morsi, proche des Frères musulmans, a été condamné par un tribunal égyptien à 20 ans de prison pour incitation au meurtre de manifestants au Caire, fin 2012.
L'ancien président égyptien Mohamed Morsi, proche des Frères musulmans, a été condamné le 21 avril à 20 ans de prison incompressibles pour incitation au meurtre de manifestants en décembre 2012. Au cours de deux semaines de protestations contre un décret qui élargissait les prérogatives présidentielles, au moins sept manifestants étaient morts avant que Morsi ne revienne sur ce texte, le 8 décembre 2012.
EGYPTE - Mohamed Morsi, coupable de violences et de tortures, échappe à la peine de mort
Il s'agit du premier verdict prononcé à l'encontre du dirigeant islamiste modéré depuis sa destitution par l'armée en juillet 2013. Il est en effet encore concerné par plusieurs autres affaires. L'une concerne son évasion de prison à la faveur de la révolte populaire qui a renversé son prédécesseur à la tête de l'État, Hosni Moubarak. Une autre vise une supposée divugation de secrets d'État à l'émirat du Qatar, son allié lorsqu'il était au pouvoir. Il est enfin accusé d'avoir conspiré avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais pour commettre des violences dans la péninsule du Sinaï après sa destitution.
La sentence a été annoncée lors d'une audience retransmise à la télévision. Mohamed Morsi, qui rejette ces charges et continue de voir dans sa destitution un coup d'État, a la possibilité de faire appel. Douze autres cadres des Frères musulmans, dont Mohamed el-Beltagy et Essam el-Erian, deux anciens digigeants de l'émanation politique des Frères musulmans, le parti Liberté et Justice, ont été condamnés à la même peine.
"Parodie de justice"
Experts et défenseurs des droits de l'Homme estiment que la justice est "instrumentalisée" par le nouveau pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de Mohamed Morsi. L'organisation des droits de l'Homme Amnesty International a dénoncé une "parodie de justice", estimant que le verdict faisait "voler en éclat toute illusion concernant l'indépendance et l'impartialité de la justice pénale en Égypte."
Amr Darrag, un cadre des Frères musulmans et ancien ministre de Morsi exilé à Instanbul, a également dénoncé une "parodie de justice, écrite d'avance et contrôlée par le gouvernement, sans aucune preuve". "Ils veulent infliger une peine à perpétuité pour délit de démocratie en Égypte", a-t-il conclu.
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, la confrérie des Frères musulmans a été bannie d'Égypte et qualifiée d'organisation terroriste par le nouveau pouvoir. Plus de 1 400 manifestants ont été tués par les policiers et soldats du nouveau pouvoir et plus de 15 000 pro-Morsi ont été emprisonnés. Des centaines d'opposants, dont le Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie et d'autres dirigeants, ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes.
Avec Reuters et AFP