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Alors que les Nigérians attendent les résultats du scrutin présidentiel opposant Goodluck Jonathan à Mohamed Buhari, John Kerry et d'autres observateurs internationaux évoquent des "interférences politiques" dans l'issue du scrutin.

La charge vient des États-Unis et de la Grande-Bretagne. "Nous disposons d’indications dérangeantes concernant le dépouillement […] qui pourrait être sujet à des interférences politiques délibérées", ont expliqué les secrétaires d’État américains et britanniques, John Kerry et Philip Hammond, dans un communiqué commun lundi 30 mars. Des doutes concernant l'issue du scrutin présidentiel nigérian qui s'est déroulé les samedi 28 et dimanche 29 mars et dont le dépouillement a lieu lundi 30 mars.

Le communiqué précise cependant que ni les États-Unis, ni la Grande-Bretagne ne disposent de preuves de manipulation à ce stade. Mais la déclaration venant de deux poids lourds de la diplomatie internationale met la pression sur le Nigeria, alors que les partisans de Goodluck Jonathan, le président sortant, et Mohamed Buhari, son principal rival, s’accusent mutuellement de fraudes.

La Commission électorale au Nigeria n’a pas tardé à rétorquer: "les interférences politiques ne sont pas fondées", a sobrement affirmé son président.

"Un vote globalement libre" selon les observateurs européens

Le constat est moins tranché pour Santiago Fisas Ayxela, le chef de la mission d’Observation de l’Union européenne pour qui, globalement, "le vote s’est bien passé". "Le vote a été libre […], on s’est surtout aperçu que les gens avaient une envie énorme de voter, et pour cela, il faut féliciter les Nigérians", a-t-il souligné sur France 24.

Alors que les opérations de dépouillement ont commencé à la Commission électorale (INEC), le chef des observateurs européens explique : "concernant la transparence du vote, nous attendons d’avoir plus de données du terrain pour nous prononcer", en évoquant tout de même "des problèmes techniques importants et un manque de personnel" dans les bureaux de vote.

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Santiago Fisas, chef des observateurs européens au Nigeria
Nigeria : Kerry évoque des "pressions politiques" lors du scrutin présidentiel

Ces satisfecits rejoignent ceux que l’Union africaine a déjà exprimés, et cette dernière a par ailleurs déclaré dimanche soir que le Nigeria avait organisé des élections "dans une atmosphère pacifique, respectant de façon satisfaisante les principes continentaux et régionaux des élections démocratiques".

Tentatives de déstabilisation sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, des partisans des deux camps s’accusent de fraude électorale. Les accusations de triches s'y sont d’ailleurs multipliées, à coups de photos de présumés membres de la commission électorale, pris en flagrant délit de tricherie.

Une vidéo amateur montrant une fraude massive en faveur du parti de Goodluck Jonathan est rapidement devenue virale dimanche soir sur Internet. À tel point que la commission électorale à dû affirmer qu’il ne fallait "pas y prêter attention", la vidéo datant "probablement" d’un précédent scrutin.

>> À relire sur France 24 : L'opposition nigériane conteste déjà les résultats de la présidentielle

De nouveaux heurts ont d’ailleurs eu lieu lundi matin dans l’état pétrolier de Rivers, un des États-clés où Buhari et Jonathan sont au coude-à-coude. Quelque 2.000 femmes rassemblées devant la commission électorale locale pour contester le déroulement des élections dans l'État de Rivers, dans le sud du Nigeria, ont été dispersées à coup de gaz lacrymogène.

La commission électorale devrait donner les résultats définitifs des élections parlementaires au mieux lundi soir, au plus tard, mardi matin. Les observateurs internationaux craignent des violences postélectorales comme ce fut le cas en 2011 : 800 personnes avaient perdu la vie lors d'émeutes dans le nord du Nigeria après l’élection de Goodluck Jonathan.