
Un agent de Thalys a été suspendu mercredi pour avoir interdit à deux jeunes femmes de s’embrasser sur le quai de la gare du Nord, à Paris. Il aurait traité leur baiser "d’intolérable", des propos fermement condamnés par Thalys.
Juste un baiser. Un simple baiser d’adieu échangé sur un quai de gare un soir d’hiver, au milieu de passagers pressés, après un week-end romantique à Paris. Rien de plus banal, quand on est amoureux. Sauf, visiblement, quand les protagonistes sont des femmes.
Alors que Mirjam étreint sa compagne dans la gare du Nord, avant de prendre son train pour Amsterdam, où elle vit, un salarié de "RailRest", prestataire de service pour Thalys international, leur tombe dessus. Selon All Out, association de défense des droits des homosexuels, l’homme leur demande de cesser, qualifiant leur baiser d’"intolérable".
Deux jours après l’incident, le 18 février, Mirjam envoie une réclamation à Thalys, une entreprise connue pour ses prises de positions très "gay friendly". Elle a en effet participé durant l’été 2013 à la Marche des fiertés à Amsterdam, Cologne et Paris et mis en scène un couple homosexuel dans l’une de ses publicités.
Thalys "a répondu en promettant d’enquêter sur cette histoire", mais n’a pas donné suite pendant plusieurs semaines, selon All Out. L’association lance donc, mercredi 11 mars au matin, une pétition en ligne pour "dénoncer cette attitude discriminatoire". Cinq jours plus tard, près de 62 000 signatures avaient été récoltées.
Un acte isolé
Le jour de la mise en ligne de la pétition, Thalys mettait à pied l’agent incriminé et condamnait sur les réseaux sociaux "tous les propos et actes homophobes". Contactée par France 24, la société assure que la mise à pied n’est pas liée à la campagne de All Out : "Nous avons lancé une enquête dès que nous avons reçu le mail de Mirjam. Cela a pris le temps nécessaire avant que nous agissions et que nous communiquions sur le sujet", assure Eva Mertens, chargée de communication de l’entreprise ferroviaire. "Il s’agit d’un acte isolé que nous ne soutenons en aucun cas", insiste-t-elle.
Dans un communiqué diffusé le 13 mars, l’entreprise rappelle "son attachement aux valeurs d’ouverture et de respect" et assure que ses salariés suivent des formations continues. "Aucune parole, aucun geste homophobe n’est toléré par Thalys", insiste Agnès Ogier, PDG de Thalys. "La transparence est une arme nécessaire dans le combat contre toutes les discriminations, combat auquel nous adhérons", poursuit-elle.
Pour All Out, la réponse de Thalys est une victoire citoyenne, qui a valeur d'exemple dans la lutte contre l'homophobie. "All Out est heureuse de voir que les plus hautes instances de Thalys ont répondu à sa pétition avec une mesure forte", réagit dans un communiqué Guillaume Bonnet, directeur des campagnes de l'association. "Thalys utilisera le triste incident homophobe dont Mirjam a été victime au sein de ses formations pour l’égalité, afin qu’aucun autre client Thalys ne soit traité aussi honteusement", poursuit-il.