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Burkina Faso : "Il faut qu'une enquête sérieuse soit menée" sur l'assassinat de Sankara

Le gouvernement du Burkina Faso a autorisé l'exhumation du corps de Thomas Sankara, président assassiné en 1987 lors d'un coup d'État, afin de procéder à une identification. L’avocat de la famille du défunt juge capital de rouvrir l’enquête.

Une partie du mystère Thomas Sankara pourrait être levée. La dépouille présumée de l’ancien président du Burkina Faso va être exhumée afin d'être identifiée formellement. Assassiné le 15 octobre 1987 lors du putsch qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir, le capitaine Sankara aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën. Mais ses proches et ses partisans doutent que son corps s'y trouve réellement.

Après avoir échoué, sous le régime Compaoré, à faire effectuer des tests ADN pour trancher cette question, la famille a saisi la Cour africaine des droits de l'Homme, qui a ordonné en 2008 au gouvernement du Burkina Faso d'autoriser les expertises nécessaires. Mais le régime Compaoré s'y était toujours refusé. De même qu’il s’était toujours opposé à l'ouverture d'une enquête sur la mort du chantre de l'anti-impérialisme et du panafricanisme.

Malgré l’injonction du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a contesté en 2006 les entraves de Ouagadougou à toute enquête ou tout procès, le Burkina Faso n'a jamais donné suite. Une première plainte pour assassinat a pourtant été déposée en 1997.

"Cela fait 18 ans que la mesure est pendante devant les juridictions burkinabè. Aujourd’hui, la famille veut que la décision onusienne soit appliquée, c'est-à-dire qu’une enquête sérieuse soit menée", a affirmé à  France 24 Bénéwendé Sankara, l’avocat de la famille Sankara et opposant engagé à Blaise Compaoré.

La présidence Kafondo, sous le signe de la rupture

L’homme de loi, qui soupçonne Blaise Compaoré d’être derrière cet assassinat, espère que l’ex-président, balayé par la rue le 31 octobre 2014 après 27 ans de présidence, sera interrogé et jugé devant une juridiction burkinabè. C’est à lui que le crime a profité. Le 15 octobre 1987, c’est Blaise Compaoré qui a pris le perchoir. Depuis lors, c’est lui qui était au pouvoir, comme ministre de la Justice, ministre de la Défense. Cela veut dire que la justice ne pouvait pas prospérer", accuse sans détour Bénéwendé Sankara.

L’arrivée au pouvoir de Michel Kafando, qui a succédé à Blaise Compaoré, est porteuse d’un nouvel espoir pour les proches et les sympathisants, fort nombreux, de Thomas Sankara, dont le nom a porté l’élan révolutionnaire d’octobre dernier. "Michel Kafondo a mis sa présidence sous le signe de la rupture et fait du rétablissement de la justice et de la vérité son point d’honneur", poursuit l’avocat qui espère que les dossiers de Thomas Sankara, mais également de Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné en 1998, seront une priorité.