
Manuel Valls se trouvait mardi à Strasbourg, pour un déplacement consacré à l'islam de France et à sa réforme, lancée la semaine dernière par le gouvernement. Le Premier ministre a insisté sur la formation des imams et du financement des mosquées.
Le défi est "historique", selon Manuel Valls. Le Premier ministre était mardi 3 mars en déplacement à Strasbourg, pour parler de la réforme de l'islam de France, lancée par son gouvernement la semaine dernière. Il a mis en avant deux grands axes d'action : la formation des imams et le financement des mosquées.
"Je souhaite agir, nous souhaitons agir (...) Et nous souhaitons que tout le monde, vous les premiers, voie la profondeur des problèmes qu'il faut aujourd'hui traiter", a déclaré le Premier ministre lors d'une rencontre avec des responsables musulmans à la Grande mosquée de Strasbourg. Manuel Valls a dit vouloir s'attaquer à "tout ce qui retarde un islam de France".
Pour cela, la formation est au premier plan. "L'État veut y mettre des moyens", a assuré le chef du gouvernement. Dans le cadre de l'annonce de la création d'une nouvelle "instance de dialogue" avec l'islam de France, le gouvernement a annoncé son intention de porter à douze, contre six actuellement, le nombre des établissements (dont celui de Strasbourg) dispensant des formations à la laïcité, pour les responsables religieux notamment.
Financer la construction des mosquées
Le Premier ministre a plaidé pour que les imams suivent des formations, "indispensables" voire "obligatoires", en matière de laïcité et de droit. "Il faut des aumôniers et des imams français, francophones, qui apprennent le français, qui aiment la France. Et qui adhèrent à ses valeurs. Et aussi des financements français", a-t-il insisté.
Prolongeant des propos tenus au Sénat mi-février, Manuel Valls a également dit vouloir "traiter la question des financements" de la construction de mosquées, alors que la France compte 4 à 5 millions de musulmans. Le Premier ministre s'est prononcé pour "que des solutions existent en France lorsque des responsables cultuels cherchent un soutien et des moyens pour construire un lieu de culte ou un centre culturel".
Visant les financements venant de l'étranger, il a expliqué : "Je souhaite que ce réflexe consistant à demander le soutien d'États étrangers se perde". "Il y a en France toutes les énergies et les ressources nécessaires au développement de l'islam", a-t-il souligné.
En revanche, "il faut être très clair : l'État ne s'occupera pas de théologie. Il n'y aura pas de loi, il n'y aura pas de décret, pas de circulaire pour dire ce que doit être l'islam. Il n'y aura pas de tutelle, pas de privilège particulier. Jamais l'État ne prendra le contrôle d'une religion, d'un culte", a-t-il assuré.
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"La montée des populismes, la montée de l'extrême droite, en Europe et dans notre pays, s'alimentent bien sûr aussi de la montée du jihadisme, du terrorisme, et de l'extrémisme radical", a mis en garde Manuel Valls, qui s'est également rendu à l'université de Strasbourg pour afficher son soutien à des cursus consacrés à la laïcité et à l'islamologie.
"La seule réponse, la seule, à ces deux dangers qui se nourrissent l'un de l'autre (...), c'est la République. La seule réponse, c'est la laïcité, c'est l'éducation, c'est l'université, c'est le savoir, c'est l'intelligence, c'est la capacité de vivre ensemble", a-t-il poursuivi.
Avec AFP