
Le Premier ministre Manuel Valls a condamné jeudi matin la rencontre des quatre parlementaires avec Bachar al-Assad. Un point de vue partagé par le président François Hollande, qui a lui aussi dénoncé la visite au "dictateur" syrien.
Manuel Valls ne mâche pas ses mots. Lors d'un entretien à BFM TV et RMC, le chef du gouvernement a vivement condamné la rencontre des quatre parlementaires français, en visite "personnelle" en Syrie, avec le président Bachar al-Assad mercredi 25 avril. Pour le Premier ministre, c'est "une faute morale" au regard de la responsabilité du régime syrien dans le conflit qui ravage le pays depuis quatre ans.
"Les parlementaires peuvent se déplacer [...] mais moi je veux condamner avec la plus grande vigueur cette initiative", a ainsi déclaré le Premier ministre sur BFM TV.
Interrogé sur les autorités qu'ils avaient averties, Manuel Valls a répondu : "Ils ont sans doute prévenu le président de l'Assemblée, les autorités françaises, mais ce n'est pas le sujet".
"Ils ne sont pas allés rencontrer n'importe qui. Ils sont allés rencontrer Bachar al-Assad, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts", s'est-il insurgé.
"Il s'agit là d'un geste qui ne les honore pas. C'est une faute, à eux d'en tirer les conséquences", a poursuivi Manuel Valls, soulignant que "les parlementaires représentent la souveraineté nationale, ce qu'est ce pays ".
"Que des parlementaires aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher (...) je crois que c'est une faute morale".
En visite à Manille, aux Philippines, où il plaide en faveur de son plan climat, le président français François Hollande s'est lui aussi offusqué de la visite à Damas. "Cette initiative, je la condamne. Je la condamne parce qu'il s'agit d'une rencontre entre des parlementaires français qui n'ont été mandatés que par eux-mêmes avec un dictateur qui est à l'origine d'une des plus graves guerres civiles de ces dernières années, qui a fait 200 000 morts."
Le PS prévoit des sanctions
La délégation parlementaire était composée du député du Parti socialiste (PS) et président du groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée nationale, Gérard Bapt, du député de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) Jacques Myard, du sénateur UMP et président du groupe d'amitié France-Syrie au Sénat Jean-Pierre Vial, et du sénateur de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) François Zocchetto. Gérard Bapt n'a pas participé à la rencontre avec Bachar al-Assad.
Les différentes formations politiques auxquelles appartiennent les quatre parlementaires ont également réagi jeudi à cette mission. "J'ai écrit à Gérard Bapt, je le convoquerai et je prendrai des sanctions" contre lui, a indiqué le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis sur RTL. "Je le déférerai devant la haute autorité du Parti socialiste, a-t-il ajouté. Interrogé sur une éventuelle exclusion, il a répondu : "La haute autorité dira s'il a enfreint les statuts du parti".
Pour sa part, l'UDI n'envisage pas de sanction envers le sénateur François Zocchetto. "Ce voyage parlementaire ne vaut pas approbation de la politique syrienne. De toute façon, il faudra reparler avec ce régime, certes criminel, mais qui est en guerre avec ceux qui nous font la guerre", a déclaré Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, dans un message transmis à l'AFP.
L'UMP semble partager la même position que la formation centriste. Interrogé sur ce sujet en marge d'une visite à l'hôpital Necker à Paris, son président, Nicolas Sarkozy, a affirmé : "Moi, personnellement, je n'y serais pas allé. Mais dans une démocratie, on ne peut pas empêcher quatre gugusses de faire ce qu'ils veulent". L'UMP va-t-elle prendre des sanctions contre les deux élus faisant partie du quatuor ? Nicolas Sarkozy a haussé les épaules, signifiant que non.
Avec Reuters et AFP