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Des jihadistes revendiquent les assassinats d'opposants tunisiens de 2013

Des jihadistes tunisiens ayant rejoint l’organisation de l’État islamique ont revendiqué, jeudi, l’assassinat, en 2013, des opposants de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Leur mort avaient provoqué un véritable séisme politique en Tunisie.

Les jihadistes tunisiens ont attendu plus d’un an pour revendiquer leur crime. C’est dans une vidéo postée sur Internet par l’une des branches médiatiques de l’organisation de l’État islamique que trois hommes ont revendiqué l’assassinat, en 2013, de deux opposants tunisiens de gauche.

"Oui tyrans, c'est nous qui avons tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi", dit Abou Mouqatel, un jihadiste tunisien recherché par les autorités pour son implication dans les attaques contre ces deux figures de l'opposition. Chokri Belaïd, opposant anti-islamiste, a été tué le 6 février 2013 à Tunis. Le 25 juillet de la même année, Mohamed Brahmi, opposant nationaliste de gauche, est assassiné près de Tunis. C'est la première fois que ces attaques sont revendiquées.

Abou Mouqatel, de son vrai nom Abou Bakr al-Hakim, est un élément "terroriste", selon le ministère de l'Intérieur. Dans la vidéo, il est montré entouré de trois autres hommes en uniforme de combat et portant des armes.

"Il ne s’agit pas d’une revendication au nom de l’organisation de l'État islamique (EI)", nuance Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24. "Les jihadistes revendiquent l’assassinat pour leur propre compte, en revenant sur leurs faits d’armes contre l’armée tunisienne au mont Chaambi", explique le journaliste en faisant référence aux combats sporadiques qui ont lieu depuis 2012 dans ce massif montagneux situé près de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie.

Menaces sur la présidentielle ?

Les jihadistes appellent également les Tunisiens à prêter allégeance à l’EI en menaçant de "revenir" et de mener d’autres actions terroristes tant que le pays n’appliquerait pas la loi islamique.

"Au-delà de ces revendications, cette vidéo de propagande tombe à cinq jours du deuxième tour du scrutin présidentiel dans le but de dénoncer tout le système démocratique", note Wassim Nasr. Lors des élections législatives de novembre dernier, le pays a donné une majorité de sièges au parti anti-islamiste Nidaa Tounès.

Entre 2 000 et 3 000 Tunisiens ont rejoint les groupes extrémistes, dont celui de l'EI, pour combattre en Syrie et en Irak, selon un bilan officiel et les autorités tunisiennes craignent que le retour de certains d'entre eux ne déstabilise le pays.

La Tunisie connaît depuis la révolution de janvier 2011 une recrudescence d'attaques attribuées à la mouvance jihadiste, dans lesquelles plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre ont été tués, outre les deux opposants.

Avec AFP