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Manuel Valls promet de "mettre le paquet" contre les inégalités

Lors d'un long entretien sur France 2, dimanche 7 décembre, le Premier ministre Manuel Valls n'a fait aucune réelle annonce mais a confirmé que le projet de loi sur la croissance pourrait permettre de travailler jusqu'à 12 dimanches par an.

Dans un long entretien de 35 minutes, Manuel Valls, qui a affirmé qu'il irait "jusqu'au bout" du quinquennat, en 2017, s'est livré dimanche soir sur France 2 à l'exercice promis de "pédagogie" de la politique gouvernementale, qui "met le paquet" pour lutter contre les inégalités.

Sur un plan général, le Premier ministre ne s'est pas embarrassé d'annonces.Tout juste a-t-il confirmé que le projet de loi sur la croissance comprendrait la possibilité de travailler jusqu'à 12 dimanches par an, contre cinq actuellement.

Sur un volet plus politicien, Manuel Valls, à qui l'on prête des ambitions présidentielles, a lâché ses coups contre Nicolas Sarkozy, fraîchement élu président de l'UMP, tout en réaffichant sa "loyauté" à l'égard de François Hollande. "Nous gouvernons ensemble", a-t-il dit.

"C'est quoi être de gauche? C'est d'abord lutter contre les inégalités. C'est la justice sociale, c'est considérer comme insupportable que ces inégalités s'accroissent", a-t-il déclaré. Il s'est ainsi dit "révolté" qu'un fils d'ouvrier ait moins de chance de réussir qu'un fils de cadre. Ce combat contre les inégalités, c'est "toute la politique du gouvernement" depuis "le début du quinquennat de François Hollande", a-t-il également affirmé. "C'est difficile parce qu'il faut du temps, parce qu'il faut que les mesures, les choix, les lois que nous avons pris depuis 2 ans et demi donnent des résultats", a-t-il insisté.

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Manuel Valls, qui a haussé le ton ces derniers jours contre un patronat accusé de ne pas jouer le jeu du "pacte de responsabilité", a également fixé un nouvel objectif : que plus de la moitié des salariés soient concernés par des accords de branche liés au pacte d'ici la fin de l'année. Soit bien plus que les six accords obtenus pour l'instant.

Premier ministre "jusqu’à la fin du quinquennat"

Le Premier ministre a donné cette longue interview télévisée au moment où, selon des responsables socialistes, ministres compris, Manuel Valls s'efforce d'arrondir les angles à gauche, après des attaques contre "la gauche passéiste" et des ouvertures vers le centre qui en ont irrité certains au PS.

À ceux -parfois les mêmes- qui laissent entendre que le Premier ministre pourrait partir en 2015, année des "trois haies" (élections cantonales en mars, congrès du PS en juin, régionales en décembre), Manuel Valls a de nouveau apporté un démenti.

Il est à Matignon depuis 250 jours "pour assumer les responsabilités" jusqu'à la fin du quinquennat de François Hollande en 2017, a-t-il juré. "Je ne suis pas un déserteur. Face aux difficultés du pays (...), je partirais pour préparer je ne sais quelle étape, je ne sais quel destin ? Non".

Par ailleurs, le Premier ministre a déploré le manque de "mobilisation" de la société face au racisme et à l'antisémitisme, après l'agression à Créteil d'un couple israélite, qu’il a qualifié de "crime abominable". "J'ai été étonné qu'il n'y ait pas plus de mobilisation en dehors de celle de ce matin à Créteil, plus de mobilisation des intellectuels, mais tout simplement de la société", a-t-il déclaré. "On manque d'indignation dans notre société", a-t-il ajouté.

Sarkozy animé par un esprit de "revanche à l’égard des Français"

Invité à s'exprimer à propos du retour de l'ancien président Sarkozy, Manuel Valls a accusé ce dernier d'être animé par un esprit de "revanche à l'égard des Français".

"La revanche contre le président de la République : on peut le comprendre, il a perdu l'élection en 2012. A l'égard de ses amis peut-être. Mais j'ai surtout le sentiment qu'il s'agit d’une revanche à l'égard des Français, et on ne peut pas préparer l'avenir d'un grand pays comme la France avec un sentiment comme la revanche", a-t-il dit.

Alain Juppé, "qui est incontestablement un homme d'État", qui s'annonce comme le principal rival de Nicolas Sarkozy à l’UMP, a eu droit à des paroles bien plus clémentes de la part de l’ancien ministre de l’Intérieur.

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 "Aucune initiative nouvelle, aucune proposition concrète (...) Une fois de plus, Manuel Valls a agité les mots et accumulé les phrases sans admettre que notre pays est aujourd'hui, hélas, victime d'un triple record : chômage à un niveau jamais atteint, dépense publique qui continue à progresser et impôts à un seuil en 2014 jamais connu (...)", a réagi l'UMP.

L'ex-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélechon a manié l’ironie pour s’en prendre au Premier ministre sur Twitter : "Valls l'extraterrestre est reparti dans sa soucoupe volante. Son avatar est hors d'usage. Il dit que sa politique est de gauche... "

Il "a envoyé un message de confiance à la gauche et aux Français", a commenté à l'inverse Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Île-de-France.

Avec AFP