![Tabaré Vazquez maintient l'Uruguay à gauche Tabaré Vazquez maintient l'Uruguay à gauche](/data/posts/2022/07/19/1658251705_Tabare-Vazquez-maintient-l-Uruguay-a-gauche.jpg)
Tabaré Vazquez a été élu président de l'Uruguay, dimanche, revenant ainsi au pouvoir après avoir été le premier dirigeant de gauche du pays entre 2005 et 2010. Il ne devrait pas toucher à l'héritage de son prédécesseur "Pepe" Mujica.
Les Uruguayens ont donc choisi la continuité... à gauche de l'échiquier politique. Dimanche 30 novembre, le candidat Tabaré Vazquez a largement remporté le second tour des élections présidentielles avec plus de 53 % des voix. Cet homme de gauche prendra ses fonctions le 1er mars 2015. Sa victoire offre à la coalition du Frente amplio (Front élargi), une alliance hétéroclite de plusieurs partis de gauche, son troisième mandat présidentiel d’affilée dans un pays traditionnellement de droite.
"C'est un ancrage à gauche de l'Uruguay. Un ancrage politique qui avait déjà commencé en 1990 quand Vazquez avait été élu maire de Montevideo. L'Uruguay est un petit pays. Accéder à la mairie était un tremplin important pour la présidence", explique Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l'Amérique latine à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
"Nouveau défis" : l'éducation et la sécurité
Même si Vazquez connaît bien la fonction présidentielle pour l’avoir déjà expérimentée - il fut président de 2005 à 2010 - il aura toutefois la difficile tâche de succéder à José "Pepe" Mujica (2010-2015), coqueluche des médias internationaux, connu pour son franc-parler et son style atypique, pourfendeur de la société de consommation et surnommé le "président le plus pauvre du monde" pour son quotidien humble et sans apparat.
"Il n'y a pas aucune hostilité entre les deux hommes. Mujica a été ministre de Vazquez quand il était président. Aujourd'hui, Mujica est âgé de 78 ans, il a été élu sénateur. Il ne siègera donc pas au gouvernement", précise le spécialiste.
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Dans un discours prononcé après la victoire, Vazquez a appelé à une nouvelle approche face aux "nouveaux défis". L'Uruguay a bien changé depuis son premier mandat, à la suite duquel il ne pouvait pas se représenter. À cette époque, le pays sortait de la crise économique. "Ce ne sera pas pareil, l'Uruguay d'aujourd'hui n'est pas celui de 2005 ou de 2010", a-t-il notamment lancé devant une foule de sympathisants euphoriques, descendus par milliers dans les rues de Montevideo. Il devra aussi faire face au ralentissement économique qui touche la région.
"Mais contrairement à ce qu'il se passe en Europe, l'économie, le chômage et la croissance ne sont pas les problèmes les plus importants en Uruguay aujourd'hui", précise Jean-Jacques Kourliandsky. "Le défi principal de Vazquez est la sécurité et l'éducation".
Deux thèmes-clés que Vazquez avait défendus pendant sa campagne. "L'Uruguay n'est pas un pays violent mais la situation s'est dégradée depuis son premier mandat", précise le spécialiste. "Quant à l'éducation, le pays est très mal positionné dans les classements internationaux".
Un laboratoire social
Une autre question demeure : que va faire Vazquez de l’héritage de son prédécesseur sur lequel il oppose quelques réticences ? Le nouveau président s'est montré assez sceptique vis-à-vis de la loi-phare de José Mujica, légalisant depuis décembre 2013 la marijuana. Cancérologue, Tabaré Vazquez est évidemment un sévère militant anti-tabac... Va-t-il pour autant toucher à la nouvelle loi ? En l’occurrence, non. La légalisation sur le cannabis était inscrite au programme de son parti, le Front élargi, et "il ne constitue plus un enjeu de politique intérieure", précise Jean-Jacques Kourliandsky.
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Pendant ses cinq ans au pouvoir, Mujica a fait adopter des lois très progressistes pour l'Amérique latine comme la légalisation de l'avortement, du mariage homosexuel, sujets sur lesquels Tabaré Vazquez n'a pas toujours été d'accord, opposant notamment son véto à la loi sur l'avortement.
Dimanche soir, de nombreux sympathisants soulignaient les avancées sociales obtenues en dix ans de pouvoir de la gauche. "Nous votons pour le Frente pour tout ce qu'il a fait: les logements, le travail", racontait Shirley Muñoz, femme au foyer de 27 ans. "Mes enfants étaient sans emploi et ils en ont obtenu un", assurait non loin de là Ana Bellusci, 64 ans, propriétaire d'un magasin.
Dans ce pays de 3,3 millions d'habitants où le vote est obligatoire sous peine d'amende, 2,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, cinq semaines après un premier tour doublé d'un scrutin législatif.
Avec AFP