
Quelque 35 millions de personnes dans le monde sont séropositives, deux millions de nouvelles contaminations ont lieu chaque année. La mobilisation contre la maladie ne doit pas faiblir, martèle le professeur Delfraissy, spécialiste du sida.
À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, lundi 1er décembre, les chiffres sont peu encourageants. En 2013, en Afrique subsaharienne, 24,7 millions de personnes sont porteuses du VIH, dont 2,9 millions d'enfants. L'Afrique du Sud reste le pays le plus touché par l'épidémie avec six millions de malades, soit 12 % de la population. Pourtant, l'accès aux antirétroviraux a révolutionné le système de santé du pays, explique Caroline Dumay, correspondante de France 24 en Afrique du Sud (voir reportage ci-dessous). L'État sud-africain prend aujourd'hui en charge la totalité des frais médicaux liés à la maladie.
Mais à mesure que l'État s'engage, les donateurs se retirent. "Ils se lassent du sida", regrette Hugo Templeman, le fondateur de l'ONG Ndlovu, spécialisée dans la lutte contre la maladie. Les donateurs estiment surtout que l'Afrique du Sud est assez riche pour prendre soin, seule, de ses citoyens malades. "Je n'ai jamais vu un pays avoir suffisamment d'argent pour répondre à ces besoins", rétorque Aaron Motsoaledi, ministre sud-africain de la Santé.
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Une banalisation que déplore aussi Jean-François Delfraissy, spécialiste du sida et directeur de l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida). "Les donateurs se lassent mais il n'y a pas qu'eux. On considère que c'est une maladie chronique et sous traitement. C'est vrai [....] mais ça ne résout pas tout. L'épidémie se poursuit", explique le professeur, interrogé par France 24.
Deux millions de nouvelles personnes sont contaminées chaque année dans le monde. En France, on dénombre 7 000 nouveaux cas par an. "Un chiffre qui n'a pas bougé en six, sept ans", ajoute Jean-Fançois Delfraissy. Aujourd'hui, "c'est une épidémie silencieuse, oubliée de tout le monde", s'alarme-t-il.
La recherche fait pourtant de considérables progrès mais la notion d'acceptabilité de la maladie n'a pas changé. "Les gens disent plus facilement à leurs voisins, à leurs collègues de travail qu'ils ont un cancer. Mais peu acceptent de dire : 'Je suis séropositif', indique le professeur. C'est une maladie considérée comme à part [...] Une maladie de la pauvreté".
Mais il n'y a pas que des mauvaises nouvelles. Premièrement, dans son rapport annuel publié mercredi 16 juillet, l'Onusida relève que le nombre de décès dus au sida dans le monde a nettement reculé en 2013, avec 1,5 million de morts. Ce recul de 11,8 % en un an représente la plus forte chute depuis le pic de l'épidémie en 2005.
Deuxièmement, l'espoir d'en finir avec la maladie ne fait aujourd'hui plus partie du domaine du rêve. "J'appuie l'idée selon laquelle on pourra parler d'éradication du sida en 2030. D'ici là, il faudra dépister le plus vite possible pour casser le plus rapidement possible la chaîne de transmission", conclut le spécialiste.
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