
Les Tunisiens ont voté dimanche avec un taux de participation de plus de 60 % pour élire leur président. D'après les premiers résultats, un second tour se dessine entre le président Moncef Marzouki et le chef du parti Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi.
Les bureaux de vote de Tunisie ont fermé, dimanche 23 novembre au soir, à l'issue de la première présidentielle depuis la révolution de 2011, un scrutin auquel participaient 27 candidats, dont le président sortant Moncef Marzouki, et Béji Caïd Essebsi, le chef de Nidaa Tounès, le parti vainqueur des législatives.
Aucun résultat officiel n'a encore été communiqué, alors que les bureaux de vote ont fermé à 18 h (17 h GMT). L'instance électorale (Isie) a jusqu'au 26 novembre pour annoncer les résultats et la tenue d'un second tour fin décembre, si aucun des candidats n'obtient de majorité absolue.
Peu après la fermeture des bureaux de vote, le directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi, Mohsen Marzouk, a déclaré à la presse que le candidat de l'alliance anti-islamiste Nidaa Tounès arrivait en tête avec au moins 10 points d'avance. "Essebsi est en tête selon les résultats préliminaires, avec un gros avantage sur le candidat suivant", a-t-il annoncé. "Il y a de grandes chances qu'il y ait un second tour", a ajouté Mohsen Marzouk.
L'équipe de campagne de Moncef Marzouki a assuré de son côté que le candidat islamiste serait présent au second tour, qui aurait lieu dans ce cas au mois de décembre, sans fournir de résultats chiffrés.
Les partis politiques ont des délégués dans les bureaux de vote, ce qui leur permet de superviser le dépouillement et de fournir des résultats officieux.
>> À lire sur France 24 : "Plus de vingt candidats et l'ombre d'Ennahda"
Les jeunes électeurs ne se sont pas déplacés
Près de 5,3 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes un mois après la tenue des législatives dont le caractère démocratique a été salué par la communauté internationale. Du point de vue sécuritaire, aucun incident majeur n'a été signalé, même si l'équipe de campagne du président Moncef Marzouki a accusé des partisans du candidat favori, Béji Caïd Essebsi, d'avoir voulu l'attaquer.
D’après Chafik Sarsar, le président de l'instance électorale, l'opération de vote s’est déroulée "dans des conditions normales". Quant au taux de participation, il a atteint plus de 60 %.
"Dans les bureaux de vote on a vu très peu de jeunes", explique Marine Casalis, la correspondante de France 24 à Tunis. Les nombreux observateurs avaient déjà déploré le manque de participation de la jeunesse tunisienne lors des législatives du mois dernier. "Ils semblent faire la même constation aujourd’hui", ajoute la journaliste. "Beaucoup de jeunes se disent déçus par le processus politique, ils n’ont plus vraiment confiance et ont l’impression que les hommes politiques n’ont pas vraiment pris les mesures pour régler leurs revendications", précise-t-elle.
En Tunisie, le taux de chômage tourne officiellement autour de 15 %, mais il atteint environ 30 % pour les diplômés, "voir 40 à 50 % pour les régions de l’intérieur, délaissées depuis plus de 50 ans sous Habib Bourguiba ainsi que sous Ben Ali", détaille Marine Casalis.
Avec AFP et Reuters