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Hommages à Yasser Arafat sur fond de montée de violences

Les Palestiniens commémorent le 10e anniversaire de la mort de leur leader historique Yasser Arafat dans un contexte particulièrement tendu. Lundi, deux Israéliens ont été tués par des activistes palestiniens.

Alors que les Palestiniens célèbrent, mardi 11 novembre, le 10e anniversaire de la mort de leur leader historique et principal fondateur du Fatah, Yasser Arafat, décédé en 2004 à Paris, les tensions restent vives au Proche-Orient.

Des hommages sont prévus à travers la Cisjordanie, mais les célébrations ont été annulées dans la bande de Gaza. Une décision que le Fatah a prise après que le Hamas a annoncé qu'il ne pourrait assurer la sécurité de l'événement.

À la veille des commémorations, chacun se renvoyait la responsabilité de cette annulation. "Nous tenons le Hamas pour responsable de tout impact négatif que sa position pourrait avoir sur la situation intérieure palestinienne", a indiqué Zakaria al-Agha, un des responsables du Fatah.

"La décision du Fatah d'annuler les cérémonies de commémoration de la mort de Yasser Arafat lui revient entièrement. Le Hamas n'a rien à voir là-dedans, nous demandons au Fatah d'arrêter d'accuser les autres", a rétorqué le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri.

Ces hommages interviennent alors que la région connaît une flambée de violences. Lundi, une Israélienne et un soldat ont été tués par deux Palestiniens en Cisjordanie et à Tel-Aviv, accentuant le cycle des violences qui agite la région. L'agresseur de la jeune femme a été grièvement blessé par balles, celui du soldat arrêté.

Après ces attaques, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a convoqué en urgence plusieurs responsables de la sécurité et demandé un renforcement des effectifs de sécurité sur le terrain ainsi que la destruction des "maisons des terroristes".

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Une vidéo de l'attaque qui a eu lieu en Cisjordanie occupée montre un chauffeur lançant délibérément sa voiture sur un arrêt de bus près du bloc de colonies de Goush Etzion, au sud de Jérusalem. Après l'échec de sa tentative, il descend de sa voiture puis poursuit ses victimes à pied.

Selon la police, ce Palestinien a poignardé trois colons, tuant une femme de 25 ans, Dalia Lemkus, et blessant deux hommes de 26 et 50 ans. Un garde de la colonie l'a grièvement blessé par balles.

L'assaillant a été identifié par des sources de sécurité palestiniennes comme étant Maher Hamdi al-Hashlamon. L’organisation du Jihad islamique l'a présenté dans un communiqué comme l'un de ses membres.

"Une guerre est en train de se dérouler ici"

"Une guerre est en train de se dérouler ici", a déclaré Avi Roeh, président de Yesha, principale organisation de colons de Cisjordanie, sur la chaîne de télévision Channel 2.

La poursuite par Israël de la colonisation est l'une des causes des vives tensions avec les Palestiniens. C'est près de Goush Etzion que trois adolescents, étudiants d'écoles religieuses de colonies juives, avaient été enlevés par des Palestiniens en juin et tués, marquant le début d'une escalade qui a culminé avec la guerre dans la bande de Gaza, en juillet et août.

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"Il est trop tôt pour parler de troisième Intifada"
Hommages à Yasser Arafat sur fond de montée de violences

Quelques heures plus tôt lundi, un Palestinien de 17 ans a poignardé un soldat israélien près d'une gare ferroviaire de Tel-Aviv. Grièvement blessé, le sergent Almog Shilony, 20 ans, a succombé à ses blessures dans la soirée.

Le Palestinien a été arrêté dans un immeuble après une courte course poursuite. Originaire d'un camp de réfugiés de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, il était entré illégalement en Israël, selon la police.

Les États-Unis ont condamné cette série d'attaques meurtrières et appelé Israéliens et Palestiniens à prendre "toutes les mesures possibles pour protéger les civils et faire retomber les tensions". L'Union européenne (UE) a également condamné ces attaques, appelant "les dirigeants politiques à agir avec responsabilité et à travailler à une rapide désescalade de la tension".

Tel-Aviv avait jusqu'alors été épargnée par les violences qui secouent depuis l'été Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, et la Cisjordanie.

Dix morts à Jérusalem depuis juillet

Au total, les violences ont fait dix morts à Jérusalem depuis juillet. La Ville sainte est désormais plongée dans un cycle de violences quotidiennes entre jeunes Palestiniens et policiers israéliens déployés en masse.

Les tensions se sont récemment propagées aux villes arabes d'Israël après qu'un jeune qui s'opposait à l'arrestation de l'un de ses proches eut été abattu samedi par la police. Son village de Kafr Kanna a de nouveau été secoué, lundi, par des affrontements entre Arabes israéliens et policiers. Des heurts ont également été rapportés dans d'autres localités arabes du nord mais aussi du sud.

Des images vidéo de la mort de Kheir Hamdane, 22 ans, mettent à mal la version des policiers selon lesquels il représentait un danger. Elles montrent qu'il a été abattu, semble-t-il sans sommation, de plusieurs balles tirées dans le dos. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovich, a de nouveau défendu les policiers. "J'accorde mon soutien total aux policiers qui ont agi pour se défendre et faire échec à une menace", a-t-il dit.

Les Arabes israéliens, de même que les Palestiniens, dénoncent eux une "exécution de sang-froid" et disent nourrir peu d'espoir dans l'enquête ouverte par le ministère israélien de la Justice.

Les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre lors de la création d'Israël en 1948, s'estiment de longue date victimes de discrimination de la part d'Israël alors qu'ils représentent 20% de la population.

"Nous traversons des jours difficiles", a dit le président israélien Reuven Rivlin, "une période qui exige de nous force et unité face aux terroristes qui estiment que Jérusalem est illégale, que Tel-Aviv est illégale, que le Goush Etzion est illégal".

Avec AFP