![Centrafrique : l'ONU prend en charge le maintien de la paix Centrafrique : l'ONU prend en charge le maintien de la paix](/data/posts/2022/07/19/1658238337_Centrafrique-l-ONU-prend-en-charge-le-maintien-de-la-paix.jpg)
La Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies est désormais à la tête du commandement des opérations de maintien de la paix en Centrafrique. Elle remplace les forces internationales déployées dans le pays.
Le passage de relais s'est déroulé lundi 15 septembre, dans l'après-midi, au cours d'une cérémonie solennelle à l’aéroport de Bangui, en Centrafrique. Un an et demi après le début de la crise armée dans le pays, la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies (Minusca) a pris officiellement la suite des forces internationales, déployées dans le pays pour faire cesser les sanglantes violences intercommunautaires.
La Minusca, composée de 7 600 casques bleus, est désormais à la tête du commandement des opérations de maintien de la paix et remplace la force africaine (Misca, Mission internationale de soutien à la Centrafrique), jusque-là en charge avec l'appui de l'opération française Sangaris et de la force européenne Eufor-RCA.
"Il faut savoir que la base de ces hommes, c’est la Misca - déjà sur place - qui comptait environ 6 000 soldats de contingents africains. S’ajoutent à cela des contingents du Bangladesh, du Pakistan ou encore des appuis aériens du Sri Lanka", a détaillé l’envoyée spéciale de France 24 à Bangui, Tatiana Mossot. "D’ici à trois mois, le compte des 12 600 hommes devrait être atteint. Le but c’est de pouvoir se déployer dans tout le pays."
"Pour cette mission, c’est un véritable défi de pouvoir récupérer tout le territoire national. Aujourd’hui, on sait que dans différentes zones il y a encore des violences qui ne sont pas maîtrisées", a ajouté notre journaliste depuis Bangui.
Lundi, alors que la Mission de l’ONU prenait le relai en Centrafrique, Paris n'avait toujours pas communiqué de calendrier de retrait des 2 000 militaires français de l'opération Sangaris.
Enfin réussir à stabiliser la Centrafrique
"Ce transfert d'autorité représente la réussite complète du mandat de la Misca et le commencement de l'action militaire et policière de la Minusca en République centrafricaine", a souligné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tout en appelant les protagonistes du conflit à "cesser immédiatement les violences" et à faire progresser la transition politique.
La tâche de la Minusca s’annonce difficile. Même si les violences intercommunautaires massives entre populations chrétiennes et musulmanes ayant fait des milliers de morts depuis décembre 2013 ont diminué, le pays souffre en effet d’une grave crise humanitaire. Les forces de l’ONU doivent réussir à stabiliser la Centrafrique. "Notre mission peut se résumer en un triptyque : protéger la population, appuyer le processus politique et contribuer à la restauration de l'autorité de l'État", a résumé le général Babacar Gaye, chef de la Minusca.
Du fait de son histoire mouvementée, la Centrafrique détient le triste record des interventions internationales sur son sol, plus d’une dizaine : Misab, Minurca, Bonuca, Fomuc, Micopax, etc… Jusqu’à présent, aucune n'a permis de sortir durablement le pays du marasme. La crise en cours est née du renversement en mars 2013 du régiment de François Bozizé par la rébellion Séléka, à dominante musulmane. Le chef de cette force armée Michel Djotodia a lui-même démissionné, après s’être révélé incapable de mettre fin au conflit entre combattants Séléka et miliciens anti-Balaka.
Comme l’explique un récent rapport de l’International Crisis Group (ICG), il faut surtout revoir les fondements de l’État : "Les précédentes interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce problème structurel de la prédation comme mécanisme de pouvoir, sous sa forme étatique [la corruption notamment, NDLR] comme contre-étatique [les groupes armés, NDLR]".
Hervé Lecoq, directeur Afrique de l'ONU
Avec AFP