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Objecteurs de conscience en Israël : 200 vétérans défendent leur unité

Quelque 200 vétérans de "l'unité 8200", souvent surnommée la "NSA israélienne", ont souhaité répondre, dimanche, aux critiques formulées dans un manifeste par 43 réservistes. Benjamin Netanyahou a lui aussi condamné cette fronde.

À la suite de la fronde sous forme de manifeste, vendredi dernier, d’une quarantaine d’officiers de la plus prestigieuse unité de renseignement israélien, quelque 200 vétérans de ce groupe ont tenu à défendre "l'unité 8200", surnommée la "NSA israélienne", dimanche 14 septembre.

"Leur tentative de salir notre unité nous inspire dégoût et consternation [...]. Nous qui servons dans cette unité depuis des années, nous ne pouvons accepter ces accusations sur le manque d'éthique de l'unité 8200", ont indiqué ces soldats et officiers de réserve, dans une lettre adressée au Premier ministre et au chef d'état-major, reproduite en partie dans le journal "Yediot Aharonot".

Dans l'une des plus importantes expressions d'objection de conscience depuis des années en Israël, 43 réservistes du renseignement militaire avaient publié, vendredi, un courrier dans lequel ils déclaraient refuser "de prendre part à des actions contre les Palestiniens et de continuer à être instrumentalisés pour renforcer le contrôle militaire sur les Palestiniens dans les Territoires occupés".

Mise sous surveillance et colonisation

Dans la lettre des frondeurs, il était question de mise sous surveillance de millions de Palestiniens sans distinction, jusque dans leur vie privée. Les 43 "refuzniks" (Israéliens refusant de servir sous les drapeaux) s'en prenaient aussi plus largement à la règle militaire, sous laquelle des millions de Palestiniens vivent depuis l'occupation israélienne de la Cisjordanie à l'issue de la guerre de 1967, ainsi qu'à la colonisation.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a jugé "condamnable" toute forme de refus d'accomplir le service militaire, qualifiant de "politique" la démarche des "refuzniks" qui selon lui se base sur des "accusations infondées". "Cela est inacceptable", a-t-il affirmé au cours d'une conférence à Tel-Aviv sur la cybersécurité.

Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a accusé les "refuzniks" "d'encourager gratuitement la campagne de délégitimation contre l'État d'Israël et ses soldats".

La gauche israélienne peu convaincue

Même la gauche israélienne a semblé peu convaincue par la démarche de ces objecteurs de conscience. "Je ne dis pas qu'il n'y a jamais d'erreurs, mais il existe des moyens de les dénoncer et d'obtenir des comptes en interne", a expliqué au journal "Maariv", classé à droite, le chef de l'opposition Yitzhak Herzog (travailliste), qui a également effectué son service militaire et ses périodes de réserves dans le renseignement.

Le journaliste du quotidien de gauche "Haaretz", Barak Ravid, également un ancien de l'unité 8200, a, lui, déploré qu'aucun des signataires n'ait eu le courage "d'être le ‘Edward Snowden israélien’ et de dire à visage découvert : voilà ce qui s'est passé tel jour, à telle heure, à tel endroit".

Avec AFP